dimanche 18 avril 2010

TRUE EXECUTIVE OF THE YEAR : JOHN HAMMOND





Il est arrivé il y a deux ans avec Scott Skiles dans ses valises. Etape par étape, John Hammond a reconstruit son roster pour que Milwaukee retrouve sa place en playoffs. Et forcément, comme dans tous les films qui finissent bien, ça commence mal. Départ de Mo Williams durant l’été 2008, obtention de Richard Jefferson. Tandis que le néo-Cavalier fête sa première sélection au all-star game et le meilleur bilan de la ligue, les Bucks traversent une saison anonyme de plus, à l’image de Jefferson qui malgré des stats conformes à son statut parvient à se faire complètement oublier. Oui, ça part très mal déjà.

Eté 2009, trois des meilleurs éléments de l’équipe se font la malle. Jefferson part bronzer sous le soleil texan après la terne saison des Bucks, qui sera sans doute la seule qu’il disputera sous le maillot olive. Échec sur toute la ligne pour Hammond. Le prometteur Ramon Sessions refuse une prolongation de contrat et part lui aussi à l’Ouest, laissant un record de franchise de 24 passes décisives et le seul Ridnour à la mène. Rare satisfaction de la saison, Charlie Villanueva va piocher dans la grasse enveloppe des Pistons où il touchera 40 millions sur 5 ans. Restent le franchise player Michael Redd et le premier choix de la draft 2005 Andrew Bogut, qui ont joué à eux deux 69 matches pendant la saison régulière. Effectivement, rien ne laisse présager des coups de maître du GM de Bucks qui se sont littéralement fait piller.

De toute façon, pour remettre son équipe sous le feu des projecteurs, Hammond va devoir tenter des paris. Il commence à la draft. Brandon Jennings, au potentiel aussi gigantesque que les doutes qui planent sur lui, commence à flipper dans la green room. Aucun GM ne veut de lui, pas même à New York malgré le fait que Stephen Curry ait déjà reçu sa casquette. Lui qui aurait parfaitement collé avec Mike D’Antoni s’est fait griller. Ça pue la honte pour le meneur de Rome. Trop risqué de prendre un joueur sur lequel on n'a aucune certitude. Hammond ose et utilise son 10th pick pour la plus grosse interrogation de cette draft. Après tout, la promotion de cette année est dite faible, donc autant essayer. Une fois son nom annoncé, Jennings se fait remarquer en arrivant à la bourre. Les autres GMs se marrent, Hammond s’est sûrement encore planté.

Malgré l’ajout d’Hakim Warrick, combo forward intéressant qui compense son manque de poids par son agressivité, les Bucks version 09/10 s’annoncent une fois de plus comme un mauvais cru, mais Hammond reste fidèle à ses choix. Ersan Ilyasova, drafté 4 ans auparavant va revenir d’Europe pour enrichir le roster, et Scott Skiles restera coach. Et là, surprise. Malgré un Redd toujours à l’infirmerie, Milwaukee part en trombe. Jennings après avoir enflammé les Summer Leagues fait péter les compteurs en NBA, passant à une passe et un rebond d’un triple-double pour son premier match et sortant une perf d’anthologie qu’il est inutile de rappeler. Andrew Bogut en forme monte en puissance au fil des matches, Luc Mbah a Moute drafté l’année précédente s’affirme comme un défenseur très solide, Ilyasova confirme que sa technique individuelle peut lui permettre de réussir en NBA, Ridnour se montre efficace en back-up et forme un One-Two punch destructeur avec Jennings. Les Bucks pointent à 8 victoires pour 3 défaites après 11 matches et Redd doit encore revenir. On se prend à rêver du côté de Milwaukee.

Redd passe comme un fantôme, jouant quelques matches avant de se blesser à nouveau, comme trop souvent malheureusement. Redd n’a jamais été réellement un joueur sur qui fonder une franchise, comme la plupart des shooteurs. Se baser sur l’adresse extérieure est un pari trop risqué pour guider une équipe. Si le franchise player n’est pas dedans, il ne va même pas pouvoir limiter la casse vu qu’il doit continuer à shooter pour remettre la machine en route. Même si Redd ou Ray Allen ont fait d’excellentes saisons à la tête de leurs franchises respectives, ce genre de joueur est bien plus efficace en tant que lieutenant d’une autre star. Enfin bref, revenons à nos Bucks.

Redd se blesse, donc, et avec lui disparaît l’espoir du compagnon de backcourt idéal pour un Jennings en perte de vitesse et harcelé par les défenses. Hammond doit faire quelque chose, ses Bucks s’éloignent un peu plus des playoffs chaque jour. Nouveau pari, l’ajout au roster de Jerry Stackhouse, ex-scoreur fou des Pistons qui aura pour tâche d’apporter au backcourt la puissance de feu offensive qui devait être celle de Redd. Evidemment, Stackhouse est bien loin de son niveau d’antan et n’apportera pas l’écot de points du médaillé d’Or olympique, mais Hammond n’a pas grand-chose à perdre avec le recrutement du Stack. Les Bucks freinent un peu leur chute, mais ne sont toujours pas au niveau de leurs ambitions de début de saison tandis que le peloton pour les playoffs se réduit de plus en plus.

La trade deadline se rapproche, et le GM des Bucks va réussir un nouveau coup pour relancer son équipe. Jennings est rattrapé par l’irrégularité de son shoot, un arrière plus explosif que Stackhouse s’impose donc. A la surprise générale, Hammond va se tourner vers John Salmons de Chicago. L’ancien King est plus que contesté du fait de ses performances en dents de scie qui pénalisent l’équipe et se débarrasser de son contrat sera un plus pour tenter de choper un free agent l’été prochain. Les Bulls se laissent tenter par un package comprenant le bide Joe Alexander et Hakim Warrick. Déçu par les performances de l’ex-Grizzly, Hammond n’éprouve aucun remords à se séparer d’un joueur qui n’aura jamais franchi le palier qui sépare le back-up utile du starter régulier. Comme Jefferson, Warrick n’a pas convaincu le GM des Bucks, et est donc prié de faire ses valises.

L’arrivée de Salmons est une vraie révolution. Même si Jennings ne retrouve pas son niveau du début de saison, il joue plus juste tandis que le nouveau venu s’impose comme le leader offensif des lignes arrières avec 20 points de moyenne en 30 matches. Les Bucks finissent la saison en trombe sur un 22-8, chatouillent les pointures de l’Est et de l’Ouest mais échouent à la 6ème place après une nouvelle blessure de Bogut en fin de saison. Au final, un bilan de 46 victoires pour 36 défaites qui tranche avec le chemin de croix qu’on leur prédisait.

Pour les départs de l’été, Jefferson a été un des plus gros flops de la saison à San Antonio, ne parvenant jamais à s’intégrer au jeu placé des Spurs. Sessions en tant que back-up de Johnny Flynn a vécu une saison aussi pourrie sur le plan individuel que celle des T'Wolves au niveau des résultats. Quand à Charlie V, la non-participation aux playoffs des Pistons et l’argent que ces derniers ont dépensé cet été condamnent la franchise à quelques années de galère. Hammond s’est séparé de ces trois joueurs quasiment sans contrepartie, et tous trois se sont gaufrés pendant que les Bucks finissaient avec leur meilleur bilan depuis 2001.

Le GM de Milwaukee n’a pas hésité à se séparer des ses meilleurs éléments ni à tenter des paris risqués comme le choix de Brandon Jennings. Il a gardé foi en les éléments qu’il jugeait dignes de sa confiance permettant l’éclosion de quelques joueurs intéressants, mais a surtout montré une réactivité hallucinante face aux mauvaises passes de son équipe. Quand les Bucks ont commencé à galérer, il a tenté Stackhouse. Quand les playoffs s’éloignaient, il a ramené Salmons. Son équipe termine avec 12 victoires de plus que la saison précédente et s’est qualifiée pour les playoffs. Si Jennings et Skiles sont souvent cités pour des trophées individuels, je tiens à décerner celui-ci à Hammond pour sa prise de risque, sa confiance et sa capacité à réagir.


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3 commentaires:

  1. Très juste vision des choses : c'est vrai qu'on a tendance à oublier d'où les Bucks sont partis pour au final arriver en playoffs. La blessure de Bogut est vraiment dommageable, d'autant que le pivot australien avait aussi besoin de vivre la pression des playoffs, qu'il a furtivement connue lors de saison rookie en 2006.

    On a aussi tendance à mettre en avant Sam Presti pour le boulot réalisé avec les Thunder, mais avouons-le, il a eu une sacrée chance de tomber sur le 2nd pick de 2007 et non pas celui de 2008 par exemple : pas sûr que Beasley aurait eu le même impact...
    Après le choix foiré de Joe Alexander, Hammond a pris un risque en prenant Jennings : c'est gagné cette fois-ci ! C'est sûrement ça qui fait qu'un GM est bon (faire le bon choix avec un pick plutôt perdu au-delà du 8ème) plutôt qu'un GM ne l'est pas (tout le monde aurait pris Kwame...).

    Et sinon, serait-il aussi possible d'élire le False Executive of the Year ? Ce matin en me réveillant, je me suis quand même dit que Toronto, avec un n°1 (Bargnani), le presque MVP des derniers playoffs (Hedo) et Chris Bosh, avaient fait de sacrés mauvais choix pour ne même pas atteindre les playoffs !
    Prenons la mène : deux meneurs bons mais pas extra, et on obtient un partage de la mène mal défini et mal vécu par les deux acteurs... Prenons le cas Turkoglu : 53M$ sur 5 ans d'accord, mais donnons-lui un peu la balle alors ! Avec Bosh, Bargnani et donc les deux meneurs, on savait qu'il en resterait plus trop de ticket pour le turc qui a besoin de la balle pour s'exprimer...

    Enfin, le cas Bosh : si vous voulez que votre meilleur joueur reste chez vous, donnez-lui des bons gars autour, c'est ce qu'ont fait les Cavs pour LeBron, les Mavs pour Dirk ou même les Lakers pour Kobe il y a un peu plus de 2 ans !

    Non définitivement, les Raptors, c'est carton rouge (avec la voix de Stéphane Tortora de Sport6 sur M6) !

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  2. C'est Portland qui doit rigoler en voyant la saison pourrie des Raptors... Turkoglu n'aurait pas été un choix plus judicieux pour eux que pour Toronto au final. Quand je vois le temps qu'ils ont mis à intégrer Miller à l'équipe, je me demande bien comment coach Nate se serait débrouillé avec le Turc en plus.
    Maintenant, côté canadien c'est mort pour Bosh, ils n'ont plus qu'à espérer choper un pivot solide à la draft pour pouvoir décaler Bargnani en 4. Qui sait, peut-être qu'il peut vraiment devenir un bon joueur? Sa fin de saison sans Bosh le laissait entrevoir en tous cas. Hâte de voir ce qu'il peut donner avec les clés de l'attaque intérieure -plus un pivot def' à la Noah à côté, il y a moyen de faire quelque chose.
    Après niveau plantage chez les GMs, il y a match avec Detroit qui s'est plombé pour quelques saisons avec des scoreurs shooteurs mais un manque cruel de viande à l'intérieur. Match avec Washington aussi. Même si les Wizards semblent avoir fait la paix dans le vestiaire, sans parler de Blatche, perdre 3 all-stars plus un pivot plus qu'utile en moins d'un an, c'est quand même pas glorieux.

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  3. Washington a encore cette chance (avoir de la place sous le salary cap) que ne possède pas Détroit... ou plutôt plus après les superbes signatures de Ben et Charlie ! En effet Détroit mérite ce titre officieux, mais j'aime que l'élection du meilleur GM récompense le GM qui a réussit une bonne inter-saison ET un bon mercato hivernal : ici, Détroit n'a certes pas réussi son été dernier (quoique la draft de Jerebko et le retour de Ben Wallace puisse faire pencher un peu la balancer) avec donc Ben Gordon, Charlie V. et Chris Wilcox (ne l'oublions pas celui-là), mais Toronto a en plus foiré son mercato, en ne faisant venir personne pour convaincre Bosh de rester et pour aider les Raptors à atteindre des playoffs limite promis il y a un gros mois.
    Et niveau draft, il y avait également peut-être mieux à faire que DeRozan, mais ça, c'est facile à dire après coup...

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