mercredi 30 décembre 2009

DWIGHT HOWARD, SEUL CONTRE TOUS



Cette saison un peu plus que la précédente, je n’ai jamais pu regarder un match du Magic sans m’agacer devant l’utilisation de Dwight Howard. Le titanesque potentiel offensif qui est le sien reste encore à ce jour une vague perspective qui ne semble pas être la priorité de Stan Van Gundy. Mais c’est en me penchant davantage sur le rôle du pivot floridien que je me suis posé cette question : et si Dwight Howard était en fait un pivot défensif ?

J’ai été comme beaucoup opposé au choix de décerner le titre de Defensive Player of the Year à Howard l’an dernier. J’estime que comme le titre de MVP, ce trophée ne doit pas récompenser une simple débauche de statistiques, et fort de ses 9,6 rebonds défensifs et 2,9 contres, le pivot du Magic avait reçu ce titre devant des joueurs qui sont avant tout d’excellents défenseurs, le trophée précédent ayant été plus que logiquement donné à Kevin Garnett, qui au-delà de son rendement individuel avait révolutionné la défense des Celtics.

Howard, toujours présenté comme le nouveau O’Neal, est un monstre physique capable de dominer des deux côtés du terrain. Sa mission n’étant donc pas toujours la défense, il paraîssait ambigu de lui donner un tel titre. Malgré son manque de moves universellement reconnu, il tournait ces dernières saisons au-dessus des 20 points de moyenne, ce qui portait à croire qu’il pourrait un jour être un pivot ultra-dominant comme le Shaq, et non un Joakim Noah en plus balèze. Le souci, c’est que Howard n’a jamais laissé entrevoir de progrès dans sa palette offensive, et que son apport au scoring est encore moindre cette année.

Mais en fait, ce « faible » apport offensif est largement compensé par son activité défensive. Un peu en-dedans au rebond en début de saison, Howard tourne ces 10 derniers matches à 16 prises de moyenne, soit l’équivalent d’un Rodman à Chicago. Ajoutez à cela 4 contres de moyennes sur la même période, et on a là des stats plus qu’impressionnantes. Pourtant, ce ne sont pas les chiffres qui m’impressionnent le plus, mais bien l’aura de Dwight Howard dans sa défense, ce qui constitue pour moi la chose la plus importante pour ce type de joueur.

Quand un joueur attaque le cercle et voit la carcasse colossale de Dwight devant lui, il tente de ressortir la plupart du temps. Quand une équipe joue contre Orlando, la distance moyenne de ses tirs augmente considérablement. Quand Howard ne contre pas un tir, il le gêne toujours. Contrairement à Garnett que j’ai vu bon nombre de fois se faire enrhumer dans la raquette par des arrières désireux de monter au cercle –dont un somptueux cross de Daniel Gibson en ouverture de la saison- Howard mord très rarement dans les feintes des petits, et reste les pieds au sol prêt à sortir la bâche.

Les résultats d’Orlando n’ont jamais été aussi bons que quand Howard a donné sa pleine mesure défensivement. Sa présence sous le panneau permet à ses coéquipiers de se concentrer sur les déplacements adverses car ils savent que leur géant est devant le panier en cas d’erreur. L’importance en attaque de Howard est moindre que celle d’autres intérieurs, mais son importance en défense est sans égale dans la ligue. A l’instar des autres pivots défensifs, comme Okafor ou Chandler, il se contente de prendre des tirs quand on le lui permet et ne cherche que très rarement à se les créer. Dwight est un défenseur dans l’âme, la façon dont il a annihilé les intérieurs de Cleveland en playoffs l’an dernier en est la meilleure illustration, et je m'étais bien trompé en dénigrant son titre de meilleur défenseur. A défaut d’être le meilleur pivot de la ligue, il en est de loin le meilleur pivot défensif.

Et c’est là que D12 doit franchir un cap. En défense, il se sert de toutes ses qualités individuelles pour dominer, mais en attaque seules ses capacités physiques sont exploitées. Cette saison, il ne prend en moyenne que 9 tirs par match, soit la 15e moyenne chez les pivots! Ses 3,8 rebonds offensifs de moyenne lui permettant de prendre environ 1/3 de la quantité totale de ses shoots, il est évident que le pivot floridien peut faire bien mieux. Le souci, c’est que d’une part il ne semble pas progresser techniquement, un simple hook-shot de qualité pouvant lui permettre de devenir un joueur de post-up correct, étant donné la faiblesse globale des pivots actuels –on parle quand même de Joakim Noah au all-star-game ! Deuxièmement, étant donné son niveau technique actuel, il ne dispose même pas du playmaker capable de lui offrir des shoots que sa simple domination physique lui permettrait de rentrer.

Comme je le laissais entrevoir avant le coup d’envoi de la saison, le Magic ne dispose d’aucun créateur de jeu à l’exception du limité Jason Williams. Et il le payera tôt ou tard. A part Reddick, aucun arrière n’émerge à plus de 45% aux tirs, ce qui témoigne de l’incapacité à créer des shoots faciles pour une équipe qui pointe au 22e rang du ratio assist/field goal. Le bilan actuel n’est dû qu’aux qualités individuelles du roster, bourré de shooteurs adroits, et à l’abattage défensif de Dwight.

Quoiqu’on puisse en dire, ni Nelson ni Carter ne sont capable de créer du jeu pour leurs coéquipiers. Carter, s’il parvient contrairement aux autres à provoquer des prises à deux, shoote actuellement à son plus bas pourcentage en carrière, et de loin. Sa sélection de shoots plus que douteuse en est la principale cause, et le problème profond du Magic, au-delà de l’absence d’un playmaker causée par le départ de Turkoglu, est le manque d’un joueur capable de jouer le pick’n’roll.

Jamais dans un système Van Gundy n’est utilisée cette combinaison pourtant basique, mis à part un écran de départ pour la forme, puisqu’étant suivi d’un drive suicidaire la quasi-totalité du temps. C’est tout simplement parce qu’aucun joueur n’est capable de mettre en place un pick’n’roll, ce qui pourrait pourtant être ravageur avec un pivot rapide comme Howard. Tant que le Magic ne disposera pas d’un tel joueur, il sera condamné à rester une équipe reposant essentiellement sur le shoot extérieur. A ce sujet, Fabrice Auclert rappelle judicieusement qu’Orlando est parvenu en finale avec Alston à la mène.

Si l’on peut avec humour émettre des réserves quand au talent de l’ancien streetballer pour maîtriser le pick’n’roll, il est certain qu’en la matière il surpasse tous les joueurs d’Orlando. En fait, si Orlando veut espérer être champion, il lui faudra trouver un meneur capable d’organiser une équipe et d’impliquer Dwight Howard. Le Magic disposant de nombreuses monnaies d’échanges, il serait judicieux d’aller lorgner de l’autre côté de la frontière, puisque José Calderon est en train de se faire passer devant par Jarett Jack, et que ce playmaker hors pair est également un très bon shooteur extérieur, ce qui devrait suffire à mettre Jameer Nelson sur le banc. Ses lacunes défensives n'étant pas un souci majeur avec le super pivot défensif dont disposent les Floridiens.

Les destinées d’Howard et du Magic sont donc liées. Lui est le meilleur pivot défensif mais pourrait devenir le meilleur pivot tout court et écraser la concurrence. L’équipe est parmi les cadors mais ne peut pas rêver à un titre tant qu’elle développera un jeu aussi limité. Si Orlando donne les moyens à Howard de devenir plus que l’exceptionnel défenseur qu’il est déjà, ce qui à mon avis ne peut passer que par un trade ou une mutation plus qu’inattendue de Nelson, le Magic est le favori pour le titre et Dwight pour le MVP. Pour le moment, on a choisi de jouer petit bras, et c’est injure au potentiel démentiel de Howard et à la qualité du roster. Le résultat de cette politique ? Un titre de Defensive Player of the Year, au mieux…

jeudi 17 décembre 2009

ET SI LES BLANCS SAVAIENT SAUTER?





J’ai récemment eu l’occasion de découvrir sur BasketUSA un reportage d'Outside The Lines, document plutôt intéressant mais qui a malheureusement disparu de la toile, qui s’interrogeait sur le faible nombre d’Américains blancs en NBA. Ils représentent ainsi moins de 10% des joueurs actifs, et même le grand Jerry West se trouve bien incapable de donner le meilleur d’entre eux actuellement quand un journaliste le lui demande. Fatalement, l’interrogation arrive d’elle-même : pourquoi les Blancs américains sont-ils si peu représentés en NBA ?

Beaucoup répondent à cette question à l’aide d’arguments prétendument scientifiques définissant le Noir comme plus athlétique que le Blanc, et se basent sur des études qui n’ont rien à envier aux savants du IIIe Reich. Ces justifications eugéniques ont à mes yeux autant de valeur que le fait de dire que les Juifs ont un gros nez, ou que l’être suprême est aryen. Aussi noir qu’il soit, Eddy Curry ne courra jamais aussi vite que Luke Ridnour, et aussi noir qu’il soit, je doute qu’Al Horford puisse écraser David Lee au rebond. Ces idées faussement savantes me filent autant la gerbe que Marine Le Pen en bikini.

En fait, si les Américains blancs sont si peu nombreux dans la grande ligue, c’est tout simplement parce qu’une grande majorité croit en ces idées plus que limites. Le Blanc est considéré comme moins athlétique que le Black, ce qui lui confère une réputation de mauvais défenseur qui lui colle à la peau. Pourtant, Andreï Kirilenko qui est peut-être le joueur le plus blanc de la ligue, est un des meilleurs défenseurs en activité. Cette idée reçue nuit énormément aux joueurs blancs, qui doivent faire leurs preuves en attaque pour pouvoir espérer être un jour draftés, même si leurs qualités défensives sont réelles.

A cela s’ajoute l’émergence des joueurs non-américains, qui représentent aujourd'hui quasiment 20% du total des joueurs de la ligue, tandis que la proportion d’Américains noirs n’a pas évolué depuis des décennies. L’équation est simple, et son résultat est la diminution du pourcentage de joueurs américains blancs. En plus de traîner le boulet de leur réputation de gringalets qui ne savent pas défendre, ils se trouvent confrontés à une autre idée reçue, qui elle s’applique à tous les jeunes basketteurs américains, peu importe la couleur de leur peau : leur manque de fondamentaux.

Par manque de fondamentaux, on entend souvent shoot défaillant. Et les joueurs européens sont souvent draftés au vu de leur maîtrise technique et de la qualité de leur tir. Il est évident que quand on voit Danilo Gallinari et Rajon Rondo, le fait de penser que les Européens sont de biens meilleurs shooteurs extérieurs que les Américains peut sembler juste. Et il est vrai que les dernières drafts ont plus ou moins confirmé cette tendance, avec des meneurs dont le gros point faible demeure le shoot, comme Rose ou Evans.

Mais en fait, un joueur comme Jennings, dont le shoot était sans cesse dénigré, flirte aujourd’hui avec le 45% à 3 points. Et il n’y a pas de doute que Daniel Gibson mette une raclée à Tony Parker dans un concours de tirs longue distance. En réalité, beaucoup d’Européens arrivent auréolés de cette réputation de joueurs techniques, et le simple fait de dépasser les deux mètres ferait presque d’eux des lottery picks. Prends ça Alexis Ajinca.

Les joueurs américains blancs se retrouvent donc confrontés à des préjugés qui les empêchent d’éclore au plus haut niveau. L’exemple de Kyle MacAlarney proposé dans le reportage en est la meilleure illustration. Un joueur aussi athlétique que n’importe quel Black, et aussi technique que n’importe quel Européen, avec un shoot à 3 points d’une rare qualité, mais qui ne percera jamais, bloqué par ce mur d’idées reçues.

Au-delà des simples préjugés, il faut reconnaître que culturellement le basket-ball est un sport de Black. Quand on est parqué dans un ghetto, le moyen le plus simple et surtout le moins cher de s’évader reste le sport. Forcément, le hockey ou le base-ball nécessitent plus de matériel ou plus de joueurs que le basket. Un ballon, un panier, un contre un, et le tour est joué. Alors on s’inspire des mecs qui ont réussi, qui sont sortis de la rue grâce à la balle orange. Allen Iverson, première star du basket issu de la culture hip-hop en est le meilleur exemple. Aujourd’hui, quand on dit « basketteur », c’est d’abord l’image de The Answer et de ses tatouages qui vient, et non celle de John Stockton et de son short plus court qu’une mini-jupe de Britney Spears.

Là où partout ailleurs dans le monde le foot est le sport le plus populaire dans tous les sens du terme, le basket est LE sport de rue aux states. S’il y a autant de Reunois et de Reubeus en équipe de France de foot, c’est parce qu’au milieu des tours on rêve plus d’être Drogba ou Benzema que Renan Luce. S’il y a autant de basketteurs noirs aux Etats-Unis, c’est parce qu’à Harlem on rêve plus d’être Carmelo Anthony que Phil Collins.

On s’identifie toujours aux gens qui nous font rêver et qui nous donnent envie de réussir. C’est pourquoi je suis dégoûté quand LeBron James refuse de serrer la main à ses adversaires après une défaite : le gamin qui travaille dur tous les jours en se disant que s’il continue ses efforts à l’école et au gymnase, il pourra être comme le King quand il sera grand, quand il voit ça à la télé, il a envie de faire pareil. De la même façon qu’il va avoir envie de bosser ses moves jusqu’à imiter à la perfection ceux de son idole.

En fait, culturellement et socialement parlant, le basket est aux États-Unis un peu similaire au Rap. Un milieu à priori noir, où il est difficile pour un Blanc de percer, mais où jouer sur le racisme n’est pas toléré. Tous les deux imprégnés de la culture hip-hop, un mouvement à la base noir et rebelle, où l’Amérique a tenté de faire taire le Rap, et où David Stern essaye tant bien que mal de bannir les chaînes et les baggys à travers l'hypocrite et discriminant NBA Dress Code.


En résumé, si les Américains blancs sont si peu représentés, c’est qu’au-delà des critères physiques fallacieux qui ne sont souvent que préjugés, ils se heurtent à leur réputation à la fois de Blanc et d’Américain, gringalets et peu techniques. La raison principale reste quand même le fait que le Basket est aux États–Unis un élément social et culturel, investi par le hip-hop. Cela dit, le talent passera toujours au-dessus de la barrière de la couleur de la peau.

lundi 7 décembre 2009

SHAQ, BIG DADDY SHAQ, QU'EST-CE QU'ON ATTEND?





L’arrivée de Shaquille O’Neal à Cleveland cet été avait provoqué un grand remue-ménage médiatique. Comment aurait-il pu en être autrement ? L’association du MVP et d’un des meilleurs pivots de tous les temps, ça fait saliver, forcément, et le Shaq apparaissait comme la solution à la faiblesse offensive du secteur intérieur des Cavs.

En effet, la finale de conférence face au Magic avait montré au grand jour l’incapacité de Cleveland à scorer poste bas au plus haut niveau. Si Dwight Howard a posé moins de problèmes à Cleveland qu’il ne l’a été souvent dit –les vrais tueurs de cette finale se nommaient Lewis et Turkoglu- il est évident que sa présence défensive a totalement annihilé les intérieurs de l’Ohio. Ces matches et le début de saison poussif de Dwight Howard font réaliser que son titre de Defensive Player of the Year n’était pas si immérité que ça.

Du coup, il paraissait évident que si les Cavs voulaient offrir à LeBron sa première bague, ils devaient remédier à ce problème, D12 étant un obstacle quasi inévitable sur la route du titre. L’arrivée du Shaq, pari à court terme, se justifiait alors pleinement et laissait penser que cette fois-ci pourrait être la bonne pour Cleveland.

Sauf qu’après un mois, le tableau est bien plus noir qu’on ne l’attendait. Passons les rumeurs de clash d’égos avec LeBron James, et concentrons-nous sur le sportif. O’Neal affiche un pénible 10,9 points – 6,6 rebonds, s’est déjà blessé, mais surtout handicape considérablement l’équipe.
Les Cavaliers de Mike Brown étaient habitués à Zydrunas Ilgauskas, pivot capable de s’écarter et de prendre des shoots mi-distance. Le Shaq n’a jamais été capable de jouer loin du panneau, et encore moins de shooter, quelle que soit la distance. Il végète donc sous le cercle, d’ailleurs souvent plus de trois secondes, et attend qu’on daigne lui passer la balle pour un post-up suivi d’un tir compliqué. Son pourcentage aux tirs, bien que correct, n’a jamais été aussi bas, illustration des difficultés du joueurs à provoquer des paniers faciles.

C’est bien simple, avec le Big Diesel sur le parquet, les Cavs jouent statiques, principalement en un-contre-un, et fonctionnent au ticket shoot là ou la présence de Big Z permet un jeu en mouvement et des tirs ouverts évidents.
Son implication dans les systèmes offensifs des Cavs me fait penser à un Rodman ou un Wallace : l’équipe attaque à quatre, et le pivot marque souvent davantage sur un malentendu que dans la continuité du jeu. Sauf que le Shaq n’a pas le rayonnement défensif de ces deux joueurs, et sa présence au rebond n’est même pas supérieure à celle de ses collègues brésilien et lituanien. Seulement 2 pointes à 10 prises, et une moyenne inférieure à celles de Varejao et de James.

Par contre, l’équipe des Cavs que j’ai pu voir jouer sans O’Neal est bien plus conforme aux ambitions d’avant-saison : malgré les carences offensives de Mike Brown, on à sous les yeux un jeu dynamique et rapide, ou James est moins sollicité au scoring qu’il n’a pu l’être, ce qui lui permet de donner sa pleine mesure dans la création. Un Mo Williams retrouvé, qui se débrouille à la mène quand le King est sur le banc et qui plante quand il est sur le terrain, est une arme dont aimeraient disposer bien des coachs. La précision et la longueur de son shoot sont d’autant sublimées que LeBron lui créer des espaces dont il profite à merveille. Je crois peu en Mike Brown, mais je dois avouer que j’ai pu voir à Cleveland un jeu offensif agréable et incisif.

Tout ceci est rendu possible par la présence de 5 joueurs qui jouent ensemble et en même temps. Shaquille O’Neal ne peut être intégré dans un jeu aussi rapide que celui de Cleveland, car il n’est pas assez mobile pour assimiler les déplacements de ses coéquipiers, et empêche à lui seul la création de paniers faciles. Par exemple, JJ Hickson attaque souvent le cercle dès que le pivot adverse s’en est écarté, ce qui n’est pas possible avec un Shaq incapable de s’en éloigner.

L’exemple le plus flagrant du handicap que constitue le Big Daddy est le dernier match en date des Cavaliers, face aux Bucks. Il y a marqué 10 points presque par hasard, n’a pris qu’un rebond, mais le chiffre le plus alarmant est le différentiel de -18 lorsqu’il était sur le parquet, dans une victoire de 15 points. En comparaison, les +31 de Varejao et d’Ilgauskas.
Dans les faits, O’Neal a ralenti l’équipe à chaque fois qu’il est rentré. Il a marqué presque tous ses points en gagnant son un-contre-un en post-up. En défense, même si sa puissance a gêné Bogut, il est apparu comme largué et incapable de se situer. En témoigne son unique rebond et ses 4 fautes.
Avec Varejao (12 rebonds) en 5, c’est toute l’équipe qui a joué plus vite. Avec Ilgauskas (10 tirs tentés) les ailiers ont pu plus facilement attaquer le cercle, et le Lituanien a hérité de beaucoup de shoots faciles, même s’il en raté beaucoup.
C’est le principal défaut du Shaq dans le système Mike Brown. Il n’a aucun shoot facile. Pour preuve, il en tente moins de 9 par match, avec une « pointe » à 13 contre Chicago. Il empêche également ses ailiers d’en avoir. En gros, non seulement il ne sert à rien, mais en plus il pénalise son équipe.

Mais alors, que va-t-il devenir à 37 ans dans une équipe dont il freine les ambitions ? En effet, sa nuisance à un jeu offensif, auquel on peinait à croire du côté de l’Ohio étant donné la faible compétence de Mike Brown en la matière, est plus qu’avérée. Pourtant, son statut lui confère une place de titulaire, et le coach des Cavs ne désespère pas d’arriver un jour à l’intégrer le Big Cactus au collectif qu’il a réussi à trouver.
En fait, même s’il y a peu de chances pour qu’il trouve sa place dans le jeu de Cleveland, son faible temps de jeu va permettre de le conserver dans un certain état physique, et face à des équipes disposant d’un intérieur trop costaud pour Ilgauskas, sa présence au poste bas, même si elle nuira à la circulation de la balle, permettra de varier le jeu en allant scorer dans la peinture. Car si Shaq ne s’intègrera sans doute jamais à un jeu en mouvement comme le proposent les Cavs, il reste une valeur sure en tant que pivot, et le fait de tourner à 52% en faisant uniquement du un-contre-un poste bas est un gage de la qualité offensive toujours intacte du MVP 2000.
Ainsi, quand le jeu de Cleveland ne pourra être mis en place face à une défense trop efficace, LeBron James ne sera pas forcément obligé de planter 50 points et Mo Williams de ne rater aucun shoot. Même seul dans la raquette, O’Neal reste un joueur sur qui il n’est jamais facile de défendre en post-up, que l’on s’appelle Dwight Howard ou Pau Gasol.
Ne serait-il pas alors plus utile en sortie de banc ? Un scoreur qui détruit physiquement le pivot adverse par sa puissance et sa fraîcheur ? Je doute qu’il en soit capable. Le Big Diesel, comme son nom l'indique, a besoin de sentir qu’il domine son vis-à-vis pour donner sa pleine mesure, et cela passe par un temps d’observation et d’intimidation. Au final, seul son talent individuel permet un quelconque espoir de le voir un jour se fondre dans l’équipe.

Mike Brown a mis plusieurs années pour créer un jeu collectif à Cleveland. Le pessimisme est donc de mise quand à l’implication d’O’Neal dans l’animation offensive, malgré ses qualités individuelles toujours intactes. Les 45 points qu’il a planté à Chris Bosh l’an dernier rien qu’en le détruisant physiquement laissent pourtant entrevoir une utilité au monstre qu’est le Shaq.

Reste à prouver qu’elle peut être trouvée, parce que sans lui, les Cavs n’ont perdu qu’une fois, un chiffre digne de leurs ambitions de titre.

mardi 1 décembre 2009

STAIRWAY TO MVP - NOVEMBRE



Un petit air de nostalgie


Comme vous l’avez sans doute remarqué, j’ai choisi de publier un classement MVP par mois, ce qui me semble plus pratique pour juger de l’influence d’un joueur sur son équipe, de façon à éviter de changer mes cinq de tête chaque semaine, étant donné qu’aucune équipe ni aucun joueur ne se sont clairement détachés depuis un mois de matches.

Pour preuve, l’ami Jennings, dont la non-apparition au sein de ce classement est due à la faible série de Milwaukee ces derniers temps, alors que le jeune meneur aurait largement mérité une très bonne place après ses débuts tonitruants qui ont permis aux Bucks de se classer parmi les premiers de la conférence Est.

Je baserai mes classements sur cette définition dont la formulation m’a pris un temps fou !

« Le joueur qui, par ses performances individuelles, élève le niveau de son équipe de façon à la faire gagner. «

En effet, rien qu’en observant nos deux derniers MVPs, LeBron James, bien qu’ayant posé des stats de malade en 2008, n’a pu accéder au trophée qu’après avoir mené son équipe au sommet de la ligue. Kobe Bryant a pour sa part nettement progressé dans sa sélection de shoots durant la saison 2008, ce qui a permis à son équipe de produire un meilleur jeu et de gagner plus, d’où sa nomination finale.

Enfin la saison risque d’être longue, et cette définition ne demande qu’à évoluer !

Mais place au classement !





1 - Steve Nash, Phoenix Suns (14-3)

16,4 points – 12,1 passes – 53,1% aux shoots dont 44,3% à 3 points – 94% aux lancers

Les Suns présentent actuellement le meilleur bilan de la ligue, et Nash est bien évidemment le grand artisan de ce succès. Malgré un Stoudemire toujours bien loin du niveau qui était le sien en deuxième partie de saison 2008, et une défense toujours aussi souvent à la rue, le meneur canadien éclabousse de sa science du jeu les systèmes des Suns. Les joueurs de Phoenix shootent à plus de 50%, dont quasiment 45% à trois points. Tout bonnement hallucinant, et les 12 passes décisives d’Hair Canada n’y sont pas innocentes –le tout en 32 minutes, s’il vous plaît. Quand il joue mal, les Suns perdent. Quand les Suns sont en difficulté, ils gagnent grâce à lui. Le seul joueur capable d’emmener une équipe qui ne défend pas au sommet de la ligue, c’est lui.

2 - Kobe Bryant, Los Angeles Lakers (13-3)

29,5 points – 5,4 rebonds – 4 passes – 2,3 interceptions

Bryant shoote actuellement à 49%, son meilleur pourcentage en carrière, pour une production supérieure à celles de ces deux dernières années. Défensivement et offensivement, il n’a jamais été aussi lucide dans le jeu. Les Lakers, après quelques matches un peu galères, commencent à montrer leur vrai niveau. Le retour de Pau Gasol, additionné à l’éclosion de Bynum, dont la régularité me surprend agréablement, va leur faire encore plus de bien. Mais le leader, c’est Bryant, le clutch player, c’est Bryant, et sans Bryant, les Lakers ne seraient pas ce qu’ils sont actuellement.

3 - LeBron James, Cleveland Cavaliers (12-5)

29,2 points – 6,7 rebonds – 8 passes

Après un départ plus que poussif, les Cavs gagnent à nouveau. Les stats de Lebron sont absolument stratosphériques dans tous les domaines, particulièrement à la passe, signe de sa tentative toujours plus grande d’impliquer ses coéquipiers. Les Cavs en ont bien besoin, car Mike Brown n’arrive toujours pas à utiliser Shaquille O’Neal à fond. Cela dit, le vrai Mo Williams est de retour : de bon augure pour Cleveland, dont le jeu commence à prendre forme, autour de leur génial ailier. Plus que les stats, c’est la facilité que dégage James qui me pousse à le mettre à cette place : à part au Garden, il a toujours cherché à créer du jeu, et pourtant plante 30 points chaque soir sans forcer. Il pourrait même être plus haut, sans cette ridicule défaite face aux Bobcats.

4 Paul Pierce, Boston Celtics (13-4)

19,7 points – 4,8 rebonds – 4 passes – 43,7% à 3 points

On ne sait jamais très bien à quelle hauteur classer Pierce. Ses stats ne font pas rêver –son élégance non plus d’ailleurs- mais les Celtics gagnent, et si il faut détacher un joueur au sein de cette équipe c’est bien lui. Toujours clutch en fin de match, mais surtout toujours capable de gonfler ses stats quand l’équipe en a besoin, et de pallier les absences de ses coéquipiers –Ray Allen n’a jamais aussi mal shooté à 3 points- en bon capitaine. Pierce est un gagnant, et son équipe gagne avec lui.

5 – Carmelo Anthony, Denver Nuggets (12-5)

31 points – 6 rebonds – 3,5 passes

Depuis les playoffs de l’an dernier, Melo n’est plus le même joueur. Plus mature, plus efficace, plus agressif. Tous ses cartons offensifs n’en sont que la preuve. Ce qui m’a le plus impressionné chez Anthony cette saison, outre sa prise de pouvoir au classement des marqueurs, c’est sa présence dans la raquette. Je suis d’accord avec Vince Thomas quand il dit qu’il est actuellement le meilleur joueur en post-up avec KB24. Beaucoup de ses passes décisives dont délivrées après avoir attiré les intérieurs adverses sur lui, créant des paniers faciles pour ses big men. Et c’est tous les Nuggets qui jouent mieux avec lui. Seul point négatif au tableau, Denver a perdu contre Minnesota, et ça c’est quand même la honte.

6 – Dirk Nowitzki, Dallas Mavericks (13-5)

27,2 points – 8,5 rebonds – 1,5 contres – 1,5 turnovers

Que dire sur Dirk qui n’ait pas encore été dit ? L’Allemand est pour moi le joueur le plus régulier de la ligue, du moins à un tel niveau. Toujours aussi adroit, élégant, décisif. En plus, les Mavericks se sont mis au diapason de leur leader, et c’est toute l’équipe qui enchaîne les bonnes performances. Je ne croyais pas du tout en Dallas en ce début de saison, mais force est de constater qu’ils s’affirment comme de sérieux outsiders.

7 – Joe Johnson, Atlanta Hawks (12-5)

21 points – 5,2 rebonds – 4,4 passes

Celui dont je faisais un favori dans mon article précédent a en quelques matches chuté tout comme son équipe. Les surprenantes défaites des Hawks ont été en grande partie dues au faible niveau affiché par Joe. Ce qui ne va pas pour autant effacer son excellent début de saison ni celui d’Atlanta. Et aussi justifier mon choix de ne sortir un classement que tous les mois, mais ceci est une autre histoire.

8 – Dwyane Wade, Miami Heat (9-7)

27,1 points – 4,8 rebonds – 5,4 passes – 2,1 interceptions – 1,2 contres

Il en va de même pour D-Wade. Il a porté le Heat vers un premier bilan comptable qui a surpris tout le monde, mais son équipe est depuis rentrée dans le rang. Par contre, elle nagerait surement dans les profondeurs du classement sans son génial arrière. J’attends toujours Michael Beasley, mais Wade répond encore et toujours présent.

9 – Dwight Howard, Orlando Magic (14-4)

18,1 points – 12,4 rebonds – 2 contres – 64,3% aux tirs

D12 s’est finalement décidé à remettre le bleu de chauffe, après un début de saison insipide. Ses récentes grosses performances ont laissé entrevoir ce que peut donner un Orlando au top de sa forme. Défensivement, on a retrouvé le patron des raquettes. Offensivement, moins de dix tirs pris par match pour un franchise player, c’est pas encore ça.

10 – Brandon Roy, Portland Trailblazers (12-7)

19,7 points – 4,4 rebonds – 5,2 passes

Sans sortir des stats exceptionnelles, à l’image de son équipe, Roy fait son bonhomme de chemin, et est toujours aussi agréable à regarder jouer. Une capacité à faire jouer ses coéquipiers intacte, un sang-froid à toute épreuve, ça on connaissait déjà. Le début de saison en demi-teinte des Blazers, on s’y attendait un peu moins. Affaire à suivre, mais si Portland retrouve des résultats à la hauteur des espérances d’avant-saison, nul doute que BR7 remontera dans ce classement.