lundi 8 mars 2010

STAIRWAY TO MVP : FEVRIER



UN PEU DE STATS : REBOUNDS vs ASSISTS

4e édition de cette rubrique, et toujours aussi peu d’intérieurs. Oh, je n’ai rien de particulier contre nos amis les big men, mais je ne pense pas que prendre des rebonds contribue autant à faire mieux jouer son équipe que distiller des passes décisives.

Loin de moi l’idée d’affirmer que l’abattage monstre d’un Dwight Howard ou d’un autre géant ne contribue pas au succès de son équipe, bien au contraire. 13 des 18 équipes qui prennent en moyenne plus de rebonds que leurs adversaires ont un bilan positif, et étant donné qu’un rebond pris équivaut à une possession à suivre, plus on prend de rebonds, plus on a de possibilités de marquer.

Mais si on suit la même logique pour les passes décisives, on voit que 13 des 14 équipes qui distribuent en moyenne plus d’assists que leurs adversaires ont un bilan positif. Ce qui démontre que le fait de prendre des rebonds est moins important dans la chance de remporter le match que celui de délivrer des caviars. Si un rebond équivaut à une possession, une passe décisive équivaut elle à un panier. Ce qui signifie entre 2 et 4 points. Une passe décisive vaut donc au moins 2 points dans une ligne de statistiques, alors qu’un rebond équivaut simplement à un rebond.

Mais nous parlons là de chiffres rapportés au niveau d’une équipe, et ce qui nous intéresse, c’est bien nos candidats au MVP. Dwight Howard et Chris Bosh prennent tous deux en moyenne plus de 10 rebonds par match. Ce qui est le cas de 13 autres joueurs en NBA. Steve Nash et Deron Williams distribuent tous deux plus de 10 passes par match, et ils sont les seuls à le faire avec Chris Paul. J’avoue être davantage impressionné par une telle performance.

Une performance dans la durée, mais aussi sur un simple match. Il peut arriver qu’un joueur, sur un malentendu, prenne un nombre important de rebonds, par exemple en récupérant des tirs complètement ratés. Par contre, il est rare de délivrer une passe décisive par hasard. Steve Nash a déjà capté sur un match 13 rebonds, soit la moyenne de Dwight Howard cette année, mais D12 n’a jamais réussi à enregistrer plus de 7 assists au cours d’une seule partie.

Une passe décisive est donc plus importante dans la réussite de son équipe, et également plus compliquée à réaliser qu’une prise de rebond –ce n’est pas forcément vrai dans toutes les circonstances. Pour preuve, plus de 80 rebonds sont pris au cours de chaque match, mais 40 passes décisives seulement sont distribuées. Sans compter qu’un rebond pris est comptabilisé directement tandis qu’une passe qui devrait être décisive peut être annulée dans le cas ou le joueur qui la reçoit subit une faute ou plus simplement rate son tir.

C’est pourquoi une assist rentre bien mieux dans la définition d’un MVP qu’un rebond : elle implique directement l’équipe, et rapporte directement des points. On peut perdre en prenant plus de rebonds que son adversaire, mais jamais quand on marque plus de points que lui.

Donc vous l’aurez compris, toujours aussi peu de big men ce mois-ci. Tout simplement parce qu’à l’heure actuelle, on voit difficilement comment les intérieurs de la ligue peuvent être mis dans la même catégorie que leurs aînés MVP, comme O'Neal ou Duncan. Pour un big man, il faut être dominant des deux côtés du terrain, car prendre des rebonds aide grandement son équipe, mais rarement autant que marquer des points. Sinon, Dennis Rodman aurait remporté le Podoloff à bien des reprises.

Et puis après tout, le record de rebonds en un match est de 55, celui de passes décisives de 30, ça veut bien dire quelque chose…





1 - LeBron James, Cleveland Cavaliers (49-15)

30 points – 7,2 rebonds – 8,5 passes – 50,1% aux tirs – 1,7 interceptions

Pas de surprise, LeBron est devant, et il y a de bonnes chances pour qu’il le reste jusqu’au bout de la saison. En termes de points rapportés à son équipe, James c’est 30 points inscrits et 8,5 passes distribuées, soit au moins 47 points directs. Et pour mettre tout le monde d’accord, il y a plus de 7 rebonds en prime. Et dire que ce gars est aussi impressionnant dans le jeu que dans les tableaux de stats…

2 - Kevin Durant, Oklahoma City Thunder (38-24)

29,6 points – 7,6 rebonds – 1,4 interceptions – 88,5% aux lancers

Durant s’est mué en l’adversaire principal de James pour le trophée. Impressionnant de régularité et d’efficacité, comme l’a prouvé sa série de 29 matches à plus de 25 points, il porte le Thunder a une plus qu’honorable 6e place à l’Ouest, devancé par les Suns qui comptent cependant une défaite de plus. Mais ce qui permet à Durant d’être l’outsider le plus crédible, c’est bel et bien sa capacité à sublimer ses troupes à un tel point que l’inexpérience de l’équipe d’Oklahoma City ne semble plus avoir de place dans la discussion d’un long parcours en playoffs.

3 - Kobe Bryant, Los Angeles Lakers (46-18)

27,7 points – 5,3 rebonds – 4,8 passes – 1,7 interceptions

Le MVP 2008 souffre, et ça se voit. Débats et critiques tournent autour des Lakers depuis un bon moment déjà. Doit-il s’effacer au profit d’un Pau Gasol ? En fait-il trop ? Les Lakers sont-ils aussi chiants que le dit Charles Barkley ? Toutes ces questions montrent bien que Kobe et ses Lakers ne sont pas aussi bons qu’en début de saison, et ont probablement bien diminué les chances de Bryant d’obtenir son second MVP. Toutefois, il est dur de minimiser la super saison que réalise KB24, malgré toutes ces interrogations.

4 - Dirk Nowitzki, Dallas Mavericks (43-21)

25,3 points – 7,7 rebonds – 90,9% aux lancers

Dallas, 11 victoires d’affilée, fait sévèrement trembler les Lakers en cette fin de saison régulière. Malgré l’arrivée de joueurs qui apportent leur écot de points, les moyennes de Dirk n’ont pas baissé. L’Allemand est toujours le patron, et si les Mavs retrouvent un rythme jamais revu depuis 2006, c’est bien sur un peu grâce aux recrues de Cuban, mais surtout parce que Nowitzki est au top depuis le début de la saison. En voilà un big man qui fait gagner son équipe !

5 - Deron Williams, Utah Jazz (40-22)

18,4 points – 10,1 passes

D-Will est dans la place! A la sortie de son premier all-star game au cours duquel il a montré qu’il y méritait son invitation depuis déjà longtemps, le meneur barbu présente des statistiques impressionnantes, tout comme son Jazz qui s’assure l’avantage du terrain pour au moins le premier tour des playoffs. Maître à jouer de l’équipe la plus collective de la ligue, son entente avec Jerry Sloan n’est pas sans rappeler celle qu’entretenaient Nash et D’Antoni à Phoenix. Le meneur canadien avait alors remporté deux fois le Maurice Podoloff.

6 - Carmelo Anthony, Denver Nuggets (42-21)

28,7 points – 6,2 rebonds

Bien moins à l’aise depuis sa blessure, on a rarement vu un Melo au niveau qui était le sien en ouverture. Moins efficace au scoring, mais également plus timide dans le jeu. Ce qui a permis l’éclosion du surprenant Aaron Afflalo. Rendre ses coéquipiers meilleurs même quand on n’est pas au mieux, voilà ce qu’est un MVP. Et en plus, être à son meilleur niveau dans les grands rendez-vous, c’est ça qui fait les grands joueurs. LBJ se souviendra longtemps de ce face-up jumper à 4 secondes de la sirène.

7 - Chris Bosh, Toronto Raptors (32-29)

24,3 points – 11,4 rebonds – 52,3% aux tirs

Et un deuxième big man ! Bosh a été absent des terrains 7 matches ce mois-ci, pour 5 défaites des Raptors privés de leur intérieur star. Présent des deux côtés du terrain quand il est là, l’absence de CB4 a complètement éteint Bargnani, et fortement diminué la circulation de balle des Canadiens. Toronto est quasiment assuré d’une présence en postseason quand Bosh joue au niveau qui est le sien depuis ce début d’année.

8 - Joe Johnson, Atlanta Hawks (40-22)

21,5 points – 4,7 rebonds – 4,7 passes

Après le forfait d’Iverson, c’est Joe qui a débuté au all-star game. Récompense logique pour un joueur qui depuis des années montre une régularité sans faille et a permis à Atlanta d’être considérée non plus comme une candidate aux playoffs mais bien comme une pointure de la ligue. Et ce, depuis cette année. Donnons pour cela du crédit à l’ancien d’Arkansas.

9 - Steve Nash, Phoenix Suns (40-25)

17 points – 11,2 passes – 50,6% aux tirs – 41,5 à 3 points – 94% aux lancers

Si les Suns sont en forme en ce moment, on ne peut pas en dire autant du double MVP, en délicatesse avec son shoot le mois dernier. Du coup, il a distribué plus de passes, reprenant les commandes du classement des assists par match. Rien à dire, le Canadien est la définition même du MVP. Enfin, il le serait s’il défendait de temps en temps.

10 - Dwyane Wade, Miami Heat (32-31)

26,4 points – 4,6 rebonds – 6,7 passes – 1,8 interceptions

Quand on voit l’équipe de bras cassés que se coltine Flash, il en faut du courage et du talent pour lui permettre de se mêler à la joute des playoffs. Beasley est plus qu’irrégulier, Jermaine O’Neal n’est définitivement plus qu’un vieux souvenir, et le reste de l’équipe est encore plus mauvais. Respectons le travail de cet homme, même si le Heat n’a un bilan positif qu’un match sur deux. Battre les champions en titre à soi tout seul n’est pas donné à tout le monde.

5 commentaires:

  1. C'est vrai, j'ai aussi une préférence pour ces meneurs de jeu qui font rendent les autres meilleurs : c'est surement d^à ma petite taille ou à mon passé de numéro 10 au foot, je ne sais pas trop... En tout cas, il est clair qu'une assist est tout de suite plus difficile à faire, car ça implique une autre personne, et que cette autre personne rentre son shoot (ou réussisse son face-à-face avec le gardien de but adverse...)
    Concernant ton classement, le fait que Howard n'y apparait me gène quand même un peu : certes, il n'est pas un attaquant hors-pair, mais quel abattage défensif ! Sa simple présence
    dans la raquette change toute une donne offensive pour le coach adverse. Et pourtant, je continue à dire qu'il n'est pas assez accompagné. Seul dans la raquette, il arrive à chopper 13 rebonds, à contrer 3 shoots, et à marquer 20 points par soir (en allant 10 fois sur la ligne des lancers), et je trouve ça déjà fort : imagine-le l'an prochain avec un power un peu plus powerful que Rashard Lewis (Luis Scola via un sign-and-trade impliquant Bass ?), et je pense que Howard peut réellement s'aligner dans la course au MVP.

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  2. En fait, j'ai énormément de mal à considérer Howard comme un candidat au MVP cette année. Il est vrai que sa présence défensive est énorme, et sécurise l'équipe entière. Cela permet-il d'impliquer ses coéquipiers? Lewis et Nelson profitent de la présence du gigantesque pivot pour se la couler douce en défense, et Dwight est incapable de dominer des deux côtés du terrain. Le fait d'avoir 10 lancers par soir n'est pas forcément un signe de bon rendement offensif : on fait faute sur lui parce qu'on sait qu'il shoote mal sur la ligne de réparation, et contrairement au Shaq, il ne parvient pas à obtenir de paniers and1 sur ce genre de situation car il est incapable de se frayer un chemin au cercle avec sa puissance physique. Carmelo shoote moins de lancers que Howard, mais lui va se les chercher en permanence, tandis qu'avoir des lancers n'intéresse pas DH12 qui sait qu'il a moins de chance de rentrer un lancer qu'un tir.
    Ce qui lui manque, c'est bien sur un power plus axé vers le jeu intérieur qui lui permettrait de faire des appels plus évidents et surtout d'éviter les prises à deux; mais je pense surtout un meneur capable de l'emmener au panier sur du pick'n'roll. Howard est rapide et rentrerait à merveille dans une connexion style Nash-Stoudemire, mais Nelson est seulement capable de jouer le pick'n'roll pour lui-même.
    Alors oui, forcer une équipe adverse à faire des ajustements c'est la marque des grands joueurs, mais il faut permettre à son équipe d'en profiter. Quand Bryant scorait 35 points par match, le coach d'en face devait modifier ses systèmes défensifs en substance, mais ce n'est pas pour autant que les coéquipiers de Kobe en tiraient un grand bénéfice, et c'est ça que je reprocherais à Dwight Howard. Réussir à faire profiter les autres et lui-même de sa présence intérieure, c'est ce qui lui manque pour être un vrai MVP.
    On dit d'un MVP qu'il doit impliquer les autres, mais Dwight n'arrive déjà pas à s'impliquer lui-même en attaque. Il y a donc encore de la marge avant de venir taquiner le trophée Podoloff. Du moins dans mon esprit. Et justifier sa présence dans un classement MVP au vu de ses statistiques de mammouth est une erreur, c'est ce que j'ai tenté d'expliquer dans l'article.

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  3. En fait, ce qui m'impressionne le plus quand je mate un match des Magic, c'est ce jeu basé sur l'extérieur : jamais, mais vraiment jamais, Howard n'aura la balle en première intention ! C'est dingue comme Orlando attaque sans son pivot, qui pourtant demande la balle(il l'a d'ailleurs crié quelques fois cette saison).
    Quand je parlais de ces 10 tentatives aux lancers, ça n'allait pas dans son sens : je disais plutôt qu'il arrivait à marquer ses 20 points malgré les 10 lancers !
    Dwight Howard pourrait impliquer les joueurs qui l'entourent, seulement s'il fait partie des plans de jeu offensifs de son équipe !!

    J'ai regardé un peu plus en détails ses stats de scoring, et une stat saute aux yeux : moins de 50% de ses shoots rentrés sont assistés ! Parmi tous les pivots, seul Al Jefferson présente un pourcentage moins élevé, et encore ce n'est pas un pivot ! Sachant qu'il ne shoote que 10 fois par soir, et qu'il en rentre 6, ça ne fait que 3 paniers qui viennent d'une passe de Nelson, Carter & co !
    Certes, Howard n'est pas le meilleur offensivement, mais je trouve qu'avec le peu qu'on lui donne, il fait quand même beaucoup !

    Après, je viens de revoir ton classement, en même temps tu enlèves qui pour mettre Howard ? Joe Johnson est blessé pour quelques matchs, voyons ce que les Hawks vont réussir sans lui...

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  4. John Schuhmann avait expliqué dans un de ses RaceToTheMVP que plus une star était entourée de bons joueurs, moins elle avait de chances de gagner le trophée. A Orlando, la balle est super partagée si bien que Howard la touche peu, ce qui viendrait confirmer ses dires; pourtant un Joe Johnson ou un Dirk Nowitzki parviennent à tirer leurs épingles du jeu dans des collectifs tout aussi développés, voire plus.
    Il est vrai que Howard reçoit peu le ballon en attaque, mais un vrai MVP doit s'affirmer davantage. Lui ne peut pas le faire dans le money time, sous peine d'être envoyé sur la ligne des lancers, et devrait du coup le faire tout le reste du match. Ce qui serait bénéfique pour lui, et pour le Magic qui plus est.
    Je dois reconnaitre que Stan Van Gundy est pour beaucoup dans la timidité offensive de son pivot, mais celui-ci n'y met pas beaucoup du sien non plus. Quand tu as sous les yeux le potentiel d'Orlando et leurs performances réelles, tu te dis que non, Howard n'est pas celui qui rend son équipe meilleure -lui y compris.
    Et quand je vois qu'un O'Neal n'a été MVP qu'une seule fois malgré son écrasante domination sous les deux panneaux, je me dis qu'il y a encore bien de la marge avant que Dwight puisse le titiller.
    Pourtant, une simple affirmation en attaque le lui permettrait... Ce mec restera pour moi une énigme pendant encore un bon bout de temps.

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  5. Tiens parlons-en du Shaq : lui savait comment marquer ! Mais en même temps, on la lui donnait la balle à lui ! Je me souviens avoir regardé quelques matchs des Magic au milieu des années 90 (notamment la Finale de 95, tout ça ne nous rajeunit pas) et du haut de mes 10 ans, je me rappelle m'être fait la remarque : "il est fou ce Shaq, il est jamais crevé, toutes les attaques passent par lui !".
    O'Neal shootait à sa grande période 20 fois au panier, à quoi tu rajoutes une dizaine de lancers (pour 28 à 30 points). Howard tente pareil derrière la ligne, mais dans le jeu, c'est deux fois moins !
    La raison est simple : Van Gundy aime le jeu à 3-points, et tant mieux s'il y a un grand gaillard prêt à aller au charbon pour prendre les rebonds offensifs (et tant pis si ce même joueur n'a pas beaucoup la balle, c'est pas son taf, non mais !).
    Après, je l'avoue, c'est le syndrome de la poule et de l'oeuf : c'est parce qu'Howard n'est pas assez bon offensivement que Van Gundy impose cette tactique de shoots à foison, ou c'est parce que Van Gundy a instauré cette tactique que Howard ne marque pas assez ? C'est un peu des deux, on est d'accord je pense.

    Ce qu'il manque en fait à Howard, c'est simplement 1 ou 2 ans en université, là où les meilleurs pivots ont appris la base du basket-ball, c'est aussi simple que ça ! Comme Shaq, Howard a toujours eu cet avantage physique qui lui permettait et lui permet encore de dominer (25 points 18 rebonds 8 contres au lycée pour le plus jeune, contre 31 points et 22 rebonds pour son ainé) : arrivé en NBA directement, il manque à Howard quelques fondamentaux, qui aujourd'hui, lui font sacrément défaut... et que Shaq a acquis et travaillé tranquillement pendant ses 3 ans à LSU.

    Quand on sait l'importance des fondamentaux pour les big men, je me demande si la grosse différence entre ces deux-là ne se situe pas là, finalement !

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