mardi 31 août 2010

UN OUBLI DE MARQUE





Là tu me vois, là tu me vois pas. Le passage de Rondo au sein de Team USA a été aussi rapide que ses raids dans les défenses. Qu’en est-il exactement ? A-t-il été écarté, a-t-il pris la décision de partir de lui-même ? Pourquoi a-t-il été privé de match contre l’Espagne ? Le fonctionnement de Mike Krzyzewski a été bien opaque sur ce coup-là, et les réticences du meneur des Celtics à rejoindre le groupe au début de l’été ont sans doute eu leur importance au moment de boucler la liste. Raisons extra-sportives ? Ca c’est clair. Il ne peut pas en être autrement étant donné l’importance qu’avait prise le jeune all-star dans l’animation du jeu de la sélection américaine. Après, voir de quel côté émane son exclusion, c’est une autre paire de manches. Pour le moment, il va falloir se pencher sur le futur de Team USA.

En effet, l’absence de Rondo pose d’énormes problèmes dans la ligne arrière. Le duo qu’il formait avec Billups était parfaitement équilibré et un tel cocktail venait une fois de plus témoigner du génie de Coach K. Un pur 1 en pleine explosion associé à un ancien 2 reconverti en leader vétéran. Un feu follet intenable en pénétration couplé à un shooteur aussi serein qu’impitoyable. La fougue et la maturité. Le feu et la glace. Bref, le top en matière de conception de backcourt : deux gros défenseurs avec chacun leurs points forts et surtout une capacité de création qui trouve peu d’équivalents pour une paire d’arrières. Moi qui suis un grand fan des combos one-two-punch à deux meneurs, j’étais sous le charme de ce couple concocté par le cerveau de Duke.

Sauf que, évidemment, Coach K a ses chouchous. Après être tombé sous le charme de Derrick Rose au cours de l’opposition entre ses protégés, il s’en serait voulu de le laisser sur le carreau. Pourtant, malgré le talent évident du meneur des Bulls, sa place dans le groupe n’aurait jamais du être verrouillée d’une telle façon. Des 13 joueurs encore en lice avant l’éviction de Rondo, D-Rose était le moins à-même d’apporter au groupe. La nécessité pour lui d’avoir le ballon en main pour créer ralentit le jeu rapide prôné par Krzyzewski, et gène considérablement les autres scoreurs comme Durant qui commence seulement à prendre ses marques. En fait, le jeu du Bull peine à prendre sa mesure face à des défenses resserrées. Sa capacité à s’infiltrer au cœur d’un bloc pour monter au cercle, lâcher de petits flotteurs ou shooter après un stepback n’est plus à prouver en NBA, mais maintenant qu’il se retrouve confronté à de la zone et surtout à un terrain plus petit, Rose ne peut pas être aussi productif que de l’autre côté de l’Atlantique.

Le problème est le même pour Russell Westbrook. Lui aussi obligé de multiplier les incursions dans les 6,25m en raison d’un shoot trop peu fiable passé cette limite, il met un frein aux déplacements de ses intérieurs et se retrouve souvent pris dans la nasse qui se referme bien plus vite étant donné la plus faible surface à couvrir, encore plus faible dans le cas d’une zone évoqué plus haut, bien plus fréquent sur le vieux Continent. Rose et lui présentent les mêmes lacunes pour ce qui est de l’adaptation au jeu FIBA, mais au sortir de l’exercice 2009-2010, malgré ses nets progrès au poste 1 après une première saison dans un rôle de combo guard sur pile électrique, il semble encore derrière son homologue chicagoan, all-star et leader d’une équipe qui s’annonce de plus en plus séduisante. Pourquoi alors préférer le jeune Thunder au franchise player des Bulls ?

Tout simplement parce qu’à partir d’un certain point dans le roster de Team USA, on a besoin de role players. C’est dans cette optique que Westbrook devient plus intéressant que Rose dans la rotation : difficile de trouver un meneur plus solide que lui en défense. Dur sur l’homme, réactif sur les lignes de passes, son rôle sera de cadenasser le meneur adverse, chose que D-Rose n’a pas encore montré qu’il était capable de faire. Bien sur, il a jusque-là montré plus de choses avec Chicago, mais on ne construit pas un roster pour un Championnat du Monde comme une équipe pour le All-Star Game, et Westbrook est déjà habituer à jouer dans l’ombre de Kevin Durant là où Rose a toujours été le leader de son équipe. Pour aller plus loin, la seule perspective plus intéressante dans du jeu FIBA en choisissant le Bull, c’est son hangtime dément et totalement inédit en Euroligue. Mais l’effet de surprise, ça fait un peu juste pour justifier la sélection d’un joueur.

Pourtant, Coach K avait déjà privilégié l’utilité au détriment du talent pour le poste 2 en choisissant de garder Eric Gordon plutôt qu’OJ Mayo. Mayo est sans doute plus talentueux, que ça soit par sa capacité à se créer son shoot ou à sa dimension de meneur en devenir, mais moins efficace une fois intégré dans un collectif où il devient un simple role player et non une option offensive privilégiée. Moins hype du fait de la faible exposition des Clippers mais en fait tout aussi efficace au regard des statistiques, Gordon est lui déjà habitué ce rôle, attendre le ballon et shooter. Toujours sous-estimé, il a grandi dans l’ombre de ses collègues de draft car trop peu bankable avec son équipe de loosers, et cette froide efficacité du shooteur sera bien plus utile au Team USA que la défense de poussin du Grizzly.

Autre Grizzly mais cette fois-ci du voyage, Rudy Gay. Shooteur régulier, capable de scorer à peu près de toutes les façons, il peut être très efficace en sortie de banc comme il le montre d’ailleurs depuis le début de la campagne américaine. Même si son récent contrat décroché avec Memphis est un peu trop flatteur, il vaut bien mieux que ce qu’on a pu entendre sur lui après sa re-signature. Obligé de devenir le meneur de la reconstruction post-Gasol alors qu’il n’était que sophomore, il a ramené les Grizzlies aux portes des playoffs de la plus relevée des Conférences avec sa régularité soviétique au scoring et son investissement perpétuel. Pour preuve, ses 5 matches manqués en 3 saisons, saisons au cours desquelles il n’a jamais joué moins de 37 minutes de moyenne. Rudy Gay est bien meilleur que ce qu’on a pu lire ou ouïr, son importance au sein de Team USA en est la preuve, et ceux qui s’en étonnent auraient du regarder davantage les Grizzlies ces dernières années.

Si je défends volontiers le swingman du Tennessee, je mettrais moins d’ardeur à l’évocation du cas Iguodala. Impressionnant avec les Etats-Unis pendant la préparation, il l’a été. Seulement, tout cela n’était-il pas prévisible ? Enfermé dans les systèmes lents de Philly depuis des années, Iggy ne peut donner sa pleine mesure que dans un jeu rapide, fait de contre-attaques, ce qui a été le cas de toutes les sélections américaines de l’Histoire. Enfin implanté dans un système qui n’attendait que lui, on aurait même pu observer l’explosion tant attendue d’un joueur bourré de qualités. Malheureusement, la richesse de l’effectif le prive de responsabilités qui auraient dévoilé la vraie superstar que peut être Iguodala. Car même s’il est un all-around player remarquable, il a besoin du ballon qui reste bien plus volontiers dans les mains de Billups ou Durant. De ce fait, le jeu sur demi-terrain face aux grosses défenses des autres nations le gène énormément et la régularité toute relative de son shoot le limite à des tâches défensives qui sont réductrices au vu du volume de jeu qui pourrait être le sien.

Au final, l’effectif reste très cohérent. Pour ce qui est des role players, Stephen Curry c’est peut-être ce qui se fait de mieux : pas capricieux, capable de jouer 1 et 2, et capable d’allumer de n’importe où avec la même régularité. Un peu juste en défense mais on a Westbrook pour ça. Non, si Rondo était resté à la place de Rose, c’eût été parfait. Sauf que là il ne reste plus un seul meneur passeur dans le roster, ce qui s’en ressent dans la fluidité du jeu et l’exécution des systèmes. 8 passes décisives contre le Brésil c’est beaucoup trop peu, surtout pour une équipe qui avait fait de la circulation de balle son leitmotiv. Billups doit déjà porter son costard de patron et de clutch player, ça ne lui laisse que trop peu de temps pour les livraisons de caviars, ce qui n’a de toute façon jamais été sa grande force. L’absence de Rondo le rend moins efficace et l’arrivée de Rose dans le 5 provoque une surenchère de scoreurs qui se marchent sur les pieds. Pour résumer, Rondo était le seul du groupe capable de peser sur un match sans marquer de panier, sa perte est donc catastrophique puisqu’elle enlève la dimension la plus intéressante de cette équipe.

Ce qui nous amène à la dimension la moins intéressante : le secteur intérieur. Partir à la conquête d’un titre mondial avec pour pivot titulaire un remplaçant aux Bobcats, il faut quand même le faire. Même si la pénurie de pivots est évidente et que Chandler a pour lui son expérience internationale, il est navrant de devoir de replier sur d’aussi maigres solutions. Le plan B ? Javale McGee, qui survole les Summer Leagues parce qu’il est un sophomore super athlétique mais sort d’une saison à 6 points et 4 rebonds ! Bien connu pour ses problèmes de fautes alors que Team USA a surtout besoin de viande sous les panneaux, l’annonce de son nom a été l’absurdité la plus grande de cette préparation. Du coup, on part avec dans les valises un pivot défensif utile, un rebondeur de la mort (Kevin Love c’est quand même quelque chose, hâte de le voir en titulaire cette saison) et Lamar Odom, seule pointure dans cette raquette désertée. Manque d’inspiration de la part du staff ? Camby, Okafor, voire Haywood auraient largement eu leur place dans la liste.

Encore heureux pour Krzyzewski que Durant soit disponible cet été… Encore plus impressionnant comme 4 FIBA que 3 NBA, le meilleur scoreur de la ligue fait un massacre. Son envergure vertigineuse lui donne un avantage terrifiant sur les ailiers-forts de la planète et malgré son physique très smooth, il se permet d’aller piquer des rebonds au-dessus de ses vis-à-vis et prend un malin plaisir à cleaner le cercle en défense comme en attaque –un putback dunk par match, au moins. Sérieux, il est flippant. On dirait Dirk Nowitzki mais en plus speed, plus actif, plus explosif. C'est-à-dire plus fort qu’un MVP et futur Hall of Famer. Ca vous place le bonhomme. Pas une fois dans la Redeem Team des Jeux un joueur n’avait donné une telle impression de domination et d’inéluctabilité dans chacun de ses gestes. C’est à se demander si ramener tous les cadors de 2008 ne serait pas dommage au vu du niveau affiché par le dauphin du dernier MVP. Quand on verra l’équipe d’aujourd’hui tourner à plein régime, la question méritera vraiment débat, mais pour le moment la faible implication des coéquipiers de KD laisse supposer la nécessité du retour de nombreux médaillés d’Or.


Bon, pour clore ce papier, quelques remarques en vrac.


J’aime beaucoup Danny Granger, mais qu’est-ce qu’il fout là ? C’est un super shooteur, comme Billups, Curry, Gordon, Gay et Durant. Il peut jouer 3 comme Gay, Iguodala, Durant et Odom. Il peut jouer 4 comme Durant, Odom et Love. Sinon, il n’est pas spécialement bon défenseur, ni bon rebondeur, ni particulièrement athlétique. Non, si on prend Gay, ce qui est à mon sens un meilleur choix, on laisse Granger qui fait doublon et on choisit plutôt un intérieur de plus pour rajouter de la bidoche sous les panneaux. Au risque de me répéter, Camby, ça ne dit vraiment rien à personne ?



Gelabale. Lui aurait pu réussir en NBA. Enfin réussir, pas forcément être un starter régulier mais plutôt un bon joueur de rotation à la Marquis Daniels. Sur sa dernière année, il avait montré de très belles choses avec Seattle, et surtout une capacité à se créer son shoot qui faisait de lui un joli plus en sortie de banc. Il pouvait taper 4-5 matches d’affilées avec un apport conséquent au scoring, mais malheureusement le corps ne suivait pas derrière. 82 matches c’est trop. Soit la blessure, soit la fatigue et la baisse de rendement. Son avenir est définitivement en Europe même si techniquement il a le niveau NBA.



Pour ce qui est de l’équipe de France, Collet est en train de trouver la bonne formule. De Colo, malgré ses innombrables similitudes avec Stephen Curry progresse bien moins vite à la mène que le Warrior ; n’empêche qu’avec la confiance qui lui est accordée il est de plus en plus sûr de lui et perd moins de ballons. Traoré arrive enfin dans le 5, ça c’est une bonne nouvelle. Un réelle menace offensive intérieure à la place de tous les pivots sans mains qu’on a pu voir passer jusque là. Avec Traoré, c’est moins prévisible et plus dangereux. Plus classe aussi, ce mec il est trop élégant, laisse tomber. Sérieux, pourquoi se faire chier avec un gros pivot défensif quand tu as Flo Piétrus en 4 ? Et puis Bokolo, en sortie de banc c’est le top. Gros energizer présent en défense comme en attaque, il était temps de lui faire un peu confiance, car c’est un des rares à n’avoir jamais déçu. Rajoute Gelabale à son vrai niveau, Diaw en mode MIP à la passe et Batum en mode MIP 2011, et y’a moyen de faire quelque chose de bien avec cette équipe. A suivre.

2 commentaires:

  1. même pas de commentaire sur cet article... nul
    allez les bulls ^^
    A.F

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  2. http://usabasketballnews.blogspot.com/
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    thank you

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