Au final, c’est quoi un MVP ?
« Le joueur qui, par ses performances individuelles, élève le niveau de son équipe de façon à la faire gagner. »
Sans doute, mais lequel des trois éléments est le plus important ? Quel équilibre doit-il y avoir entre eux ?
En fait, le MVP est toujours un joueur aux grosses performances individuelles, ce qui ressort souvent dans les statistiques. Le meilleur scoreur sera ainsi toujours cité au moment du vote, peu importe son importance dans les résultats de son équipe (Jerry Stackhouse par exemple). Ce premier élément, les prestations strictement individuelles -bien qu’évidemment une passe décisive, un panier ou autres chiffres comptabilisés aident l’équipe- est en règle générale celui qui va déterminer les candidats. Les joueurs qui ont les statistiques les plus impressionnantes seront les nominés, quelque soit le bilan de leu équipe, qui peut très bien être absente des playoffs. Les premiers choisis seront souvent les meilleurs marqueurs, c’est pourquoi les autres devront compenser leurs points de retard par un gros rendement au rebond ou une production de caviars soutenue.
Parmi ces candidats se fait un premier écrémage, qui va en disqualifier quelques uns. Le bilan de l’équipe va être examiné, et va valoriser les joueurs des franchises qui gagnent. Evidemment, comment peut-on prétendre être le meilleur joueur si on est incapable de gagner des matches ? Le Basket est un sport collectif, c’est pourquoi les simples statistiques individuelles ne peuvent pas être prises en compte, étant donné que personne ne joue seul. Le chiffre majeur pour déterminer le quotient de réussite collective va donc être le plus simple, le nombre de victoires.
C’est là qu’apparaît le paramètre le plus subjectif de l’élection, la capacité du joueur à élever le niveau de son équipe. Même si les résultats sportifs d’une franchise peuvent être moyens, l’influence qu’a son leader dans le pourcentage de victoires va être primordiale. Ainsi, un Dwyane Wade, même si le Heat n’a pas un bilan faramineux, a une responsabilité directe dans chaque victoire acquise par son équipe car le collectif qui l’entoure est d’un niveau plutôt faible. A contrario, les résultats de l’équipe de Dirk Nowitzki ne vont pas énormément faire avancer sa cause puisqu’il a autour de lui un effectif très relevé. Une équipe avec 45-50 victoires avec un effectif moyen porté par une star lui permettra donc de se mettre au niveau du leader d’une franchise à 50-55 victoires qui dispose de coéquipiers au niveau intrinsèque plus haut.
Il faudra donc se pencher directement dans l’influence qu’a le joueur dans le jeu. Kevin Durant ou Joe Johnson sont généralement constants pendant un match entier ce qui donne confiance à leurs coéquipiers ou permet de pallier leurs erreurs. Kobe Bryant et Carmelo Anthony sont souvent plus inconstants, mais savent toujours prendre le match à leur compte quand le score est serré et le temps fuyant. Les Suns et les Bulls ne jouent jamais aussi bien que quand Steve Nash ou Derrick Rose sont sur le parquet. Dwight Howard ne pèse pas beaucoup en attaque, mais sa simple présence en défense fait de lui le joueur le plus important du Magic. Tous ces joueurs ont une influence directe dans le jeu de leur équipe, par leurs présences ou leurs absences, leurs erreurs ou leurs envolées.
Une fois tous ces éléments considérés, libre à chacun d’accorder plus d’importance à l’un ou à l’autre. En fait, il n’y a pas de réel équilibre donné entre eux puisque chaque saison est différente. Un monstre statistique peut ainsi succéder à un maître à jouer hors pair qui lui-même aura succédé au leader d’une équipe que personne n’aurait imaginé en playoffs. Même si le trophée a déjà été décerné, voici mon verdict pour cette année.
L’ENIGME – Dwight Howard, Orlando Magic (59-23)
18,3 points – 13,2 rebonds – 2,8 contres – 61,2% aux tirs
Leader de la ligue aux rebonds, contres, pourcentage et double-doubles, Howard compense son scoring inférieur aux standards MVP par une suractivité dans les autres secteurs statistiques. Même si j’ai déjà dit ce que je pensais des chiffres des rebonds, il apparaît clairement que la simple présence de Dwight dans une raquette oblige l’adversaire à faire des ajustements offensifs et défensifs. Howard ne rend peut-être pas ses coéquipiers meilleurs, mais il rend l’équipe adverse moins bonne, ce qui au final revient plus ou moins au même.
10 – Joe Johnson, Atlanta Hawks (53-29)
21,3 points – 4,6 rebonds – 4,9 passes
Johnson n’est pas un franchise player comme les autres. Il ne va pas subitement se métamorphoser en go-to-guy dans les moments critiques mais simplement continuer à jouer son jeu pour rassurer ses coéquipiers. C’est évidemment un élément important dans la perspective du MVP, mais si Double J est si constant c’est parce qu’il est incapable d’élever son niveau de jeu. Heureusement, son niveau de jeu normal est celui d’un MVP, donc mentionner son nom parmi les candidats ne pose aucun problème.
9 – Derrick Rose, Chicago Bulls (41-41)
20,8 points – 6 passes
Chicago n’a jamais gagné un match sans son meneur sophomore, ce qui fait déjà une carte de visite plutôt sympa. Plus important encore, la production de Rose en 2010, largement au-dessus de premiers mois plutôt ternes, qui a permis aux Bulls d’arracher leur place en playoffs. A 21 ans, D-Rose est déjà un leader hors normes capable de prendre ses responsabilités et de se transcender quand son équipe le nécessite. Son équipe a besoin de lui plus que personne d’autre, et lui répond présent.
8 – Carmelo Anthony, Denver Nuggets (53-29)
28,2 points – 6,6 rebonds
Le souci d’Anthony cette année, c’est qu’il est parti trop fort. Après avoir marché sur l’eau en début de saison et montré clairement que depuis les playoffs 2009 il faudrait compter avec lui dans le débat pour le MVP, son niveau a baissé d’un cran et des blessures lui ont coûté quelques matches. Anthony ne rentrait plus autant de shoots mais continuait à les prendre, avec néanmoins des résultats plus que satisfaisants, mais bien en-dessous de ce qu’il avait pu montrer l’automne dernier. N’empêche que Melo reste un scoreur et leader hors normes qui pourra se hisser plus haut dans les classements si tôt qu’il gardera un niveau constant durant une saison entière.
7 – Dwyane Wade, Miami Heat (47-35)
26,6 points – 4,8 rebonds – 6,5 passes – 1,8 interceptions
A l’approche des playoffs, Wade hausse toujours son niveau de jeu et cette saison n’a pas dérogé à la règle. Le Heat a connu un coup de boost énorme dans les derniers matches qui lui a permis de faire le break avec les autres seconds couteaux de l’Est. Finalement, les playoffs ont montré la nullité criante de son équipe au même titre que son incroyable niveau personnel. Avoir amené si haut une équipe si mauvaise, chapeau Mr Wade.
6 – Steve Nash, Phoenix Suns (54-28)
16,5 points – 11 passes – 50,7% aux tirs – 42,6% à 3 points – 93,8% aux lancers
Trois derniers mois de saison régulière laborieux pour Captain Canada, mais de la même façon qu’Anthony et Billups se passent le relais quand l’un d’entre eux a un coup de mou, Stoudemire a élevé son niveau de jeu permettant ainsi à son meneur de se délester d’un peu de ses nombreuses responsabilités. Dans un tout autre style que Wade, Nash a été capable d’emmener très haut une équipe qu’on voyait plutôt très bas. Le Canadien sait décidément mieux que personne tirer le meilleur de ses partenaires.
5 – Deron Williams, Utah Jazz (53-29)
18,7 points – 4 rebonds – 10,5 passes
S’il est difficile de dire s’il est le meilleur meneur de la ligue, on peut affirmer en revanche que Williams a été le meilleur meneur cette saison. N’en déplaise à Nash, le meneur du Jazz a été bien plus régulier sur le plan individuel, ne connaissant aucune baisse de régime mais simplement des hausses. De la même manière, son équipe a avancé tranquillement avec des pics qui lui ont permis de finir à la place qu’on sait. Grands rendez-vous, grand Deron Williams, et la fin de saison en est un. Depuis Avril, il tourne à 23,5 points et 10,1 passes.
4 – Dirk Nowitzki, Dallas Mavericks (55-27)
25 points – 7,7 rebonds – 91,5% aux lancers
Dirk n’a pas besoin de forcer son talent pendant les matches des Mavericks, ce qui semble évident quand on voit les joueurs qui l’entourent. Pourtant il marque beaucoup, ce qui montre que Dallas nécessite quand même ses points pour gagner, surtout dans le money time où seuls James et Bryant le devancent en termes de scoring. Une équipe si bien fournie mais si dépendante de sa star, ça montre bien l’importance du bonhomme.
3 – Kobe Bryant, Los Angeles Lakers (57-25)
27 points – 5,4 rebonds – 5 passes
Une saison régulière à oublier pour Bryant, ponctuée de blessures à répétition et de passages difficiles pour les Lakers. Des doutes sur sa sélection de tirs que l’on s’imaginait partis depuis sa saison MVP où il avait été simplement excellent dans le jeu, des critiques de toutes parts. Et au final, Los Angeles finit en tête de la conférence Ouest, Bryant termine sur des statistiques de haut vol et reste le joueur le plus craint des dernières minutes. C’est quand on se dit que c’est une mauvaise saison régulière pour Kobe qu’on réalise l’incroyable niveau de ce joueur.
2 – Kevin Durant, Oklahoma City Thunder (50-32)
30,1 points – 7,7 rebonds – 90% aux lancers
Niveau performances individuelles, Durant termine meilleur marqueur de la ligue, avec en plus de bonnes stats aux rebonds, interceptions, contres et pourcentages. Niveau résultats, le Thunder se qualifie pour les playoffs pour la première fois de sa jeune histoire avec en plus 50 victoires. Niveau influence dans le jeu, KD a franchi le pallier qui sépare la star du MVP : il est capable de mettre ses coéquipiers en confiance, sa seule présence suffit à provoquer des décalages et des maux de têtes pour les coaches adverses. Niveau style, c’est Ray Allen en plus grand, plus rapide et plus doué.
TRUE MOST VALUABLE PLAYER – LeBron James, Cleveland Cavaliers (61-21)
29,7 points – 7,3 rebonds – 8,6 passes – 50,3% aux tirs
Cette année, seul Durant aurait pu empêcher James de récolter le trophée. Le trublion du Thunder avait la meilleure association de stats, résultats après le King, mais avec un effectif moins bon. Seulement, James a planté de si bonnes stats au sein de la meilleure équipe qu’il est tout simplement impossible de lui contester le MVP cette saison. Avec des lieutenants de très haut vol, il reste une machine à chiffres et ne cherche pas à s’éloigner de ses responsabilités si bien qu’il est le meilleur sur tous les plans de la définition proposée en début d’article. Incontestable.
TRUE NBA AWARDS :
True Coach of the Year : Jerry Sloan
True Executive of the Year : John Hammond
True Most Improved Player : Russell Westbrook
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