lundi 25 janvier 2010

AU JAZZ, DERON MENE LA DANSE




Dans 4 jours seront annoncés les noms des remplaçants au all-star game. Encore jamais convié au match des étoiles, Deron Williams pourrait bien voir une fois de plus l’invitation lui passer sous le nez. La concurrence aux places de meneurs est des plus rudes à l’Ouest, et pourrait encore coûter sa première sélection au meneur du Jazz, qui réalise pourtant un de ses débuts de saison les plus aboutis.

A l’Ouest, derrière les Lakers, 9 équipes se tiennent en 5 victoires, et le Jazz s’en tire avec un bon 25-18 malgré des résultats en dent de scie. Dans cet univers impitoyable dominé pour le moment par Dallas, Utah manque de solidité et de régularité pour vraisemblablement tirer son épingle du jeu. Le casting : des blancs, des noirs pour les seconds rôles, des franges, des coupes au bol, des barbes, bref de quoi rendre jaloux les producteurs de la petite maison dans la prairie.

Jerry Sloan, modèle de régularité, a eu sous ses ordres un des meilleurs meneurs de tous les temps en la personne de John Stockton, c’est dire si les attentes qui reposent sur le dos de D-Will sont grandes. L’effectif du Jazz, assez hétérogène, nécessite le sérieux et le talent du jeune meneur pour ne pas s’écrouler. On a des joueurs d’un bon, voire très bon niveau mais également des role players beaucoup plus limités, et l'ensemble reste fragile, comme en témoigne la difficulté de l'équipe à enchainer les victoires.

Parmi les très bons, Carlos Boozer, qui lui aussi affiche des stats de all-star (19,3 points à 53% et 10,6 rebonds) et demeure l’un des ailiers forts les plus influents dans le jeu offensif. Au-delà de ses qualités propres à son poste, Boozer a un jeu de passes des plus développés pour un power. Sa moyenne de 3,4 passes est la 3e chez les postes 4 (derrière Odom et Diaw) et son influence dans les systèmes Sloan est primordiale car ils imposent une circulation rapide du ballon, un intérieur avec une telle technique à la passe étant un atout majeur dans la réussite de tels schémas.

La circulation du ballon, c’est ce que Deron fait de mieux. Contrairement à d’autres meneurs comme Chris Paul ou Aaron Brooks, Williams n’a pas besoin de porter le ballon à outrance pour diriger le jeu. Trouver ses partenaires démarqués est chose aisée pour lui, ce qui lui évite de garder trop la gonfle avant de créer puis de voir les positions ouvertes. Sa rapidité dans l’exécution de ses passes, et le sérieux des joueurs de l’Utah à appliquer les systèmes lui permettent de mettre en place un jeu d’attaque extrêmement collectif. La présence de joueurs à fort QI basket comme Boozer, Brewer, Okur ou Kirilenko autorisent le meneur du Jazz à se détacher de la balle pour se créer à son tour des positions ouvertes, ce qui nécessite une grande confiance en ses partenaires, qu’on ne trouve que chez peu de meneurs.

Deron dispose d’une des palettes de passes les plus complètes de la ligue avec Nash et Kidd, et est souvent reconnu comme maîtrisant le mieux la no-look pass, mais ce qui me frappe le plus chez lui, c’est sa rapidité d’exécution dans tous les styles de passe. Baron Davis dispose d’une immense variété de mouvements pour donner la balle, mais contrairement à Deron n’a pas cette capacité à donner la balle dès qu’une position intéressante est repérée. Une telle alliance de vitesse et de maîtrise technique est unique chez les meneurs de moins de 35 ans, et cette facilité à créer autant de jeu en portant si peu le ballon est sans égale tous postes confondus.

En plus d’être un passeur hors pair, D-Will possède une capacité à scorer rare chez un pass-first point guard. Sa puissance physique et sa vitesse le rendent redoutable en pénétration car elles l’autorisent non seulement à arriver à toute allure près du panneau, mais surtout à attaquer le cercle avec autorité, un Nash ou un Paul ne pouvant pas dunker aussi facilement que Williams. Très dur à défendre en un-contre-un car possédant un crossover des plus efficaces, Deron pourrait abuser de ces pénétrations, mais une fois de plus sa rigueur dans le jeu le guide vers des solutions plus collectives, une preuve de maturité incroyable pour un meneur de 25 ans.

Avec ce même cross, Deron peut prendre sans souci des shoots mi-distance qu’il rentre régulièrement, mais également en se démarquant sans le ballon. Son shoot est solide, et D-Will approche même des 40% à 3 points cette saison, en plus de tourner à environ 80% aux lancers en carrière. Williams est un joueur intelligent et ne prend pas de shoots qui ne soient pas assurés. En gros, il excelle dans tous les secteurs offensifs où un meneur peut espérer briller, et pourtant ne tire pas la couverture à lui et n’en fait jamais trop. On pourra ajouter à tout ça une défense bonne sans être géniale, avec 1 interception de moyenne par match mais surtout un avantage physique sur de la défense homme-à-homme et une excellente lecture du jeu.

Deron Williams est à mon sens le meneur le plus complet qui existe aujourd’hui, alliance parfaite entre puissance physique, maîtrise technique et sens du jeu. Un sens du jeu qui a tendance à se perdre chez les meneurs, et un pass-first point guard avec un tel physique est introuvable aujourd’hui ailleurs que chez les Mormons. J’ai beaucoup utilisé le terme « solide » dans cet article, surtout pour montrer que Deron, c'est la régularité au plus haut niveau depuis 4 ans. D-Will est un joueur solide, sérieux, mature. Il n’en fait jamais trop, et il n’en fait jamais pas assez. Il fait toujours le geste juste, le choix juste, et avec une vitesse d'exécution hors du commun.
Avoir la capacité technique de faire le bon geste au bon moment, et le faire, je crois que plus que de la solidité, on appelle ça du talent, du génie. Deron Williams est un joueur génial. Mais ça on le savait depuis longtemps, alors comment peut-on imaginer une seule seconde une nouvelle non-participation au all-star game ? Dallas, ton univers impitoyable…

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