samedi 7 novembre 2009

BRANDON JENNINGS : BACK TO ROOTS




Brandon Jennings est aujourd’hui en tête des traditionnels Rookie Rankings de nba.com.
Pas d’erreur possible, le meneur des Bucks est bien le prodige que beaucoup avaient déjà enterré. Au sein d’une des franchises les moins glamour de la ligue, Jennings s’est déjà imposé comme un patron.

La confirmation de son talent me fait du bien. A vrai dire j’attendais avec impatience le retour d’un meneur de jeu avec une telle capacité de création. Ces dernières années ont tellement été marquées par la montée en puissance des meneurs scoreurs que je me demandais si je pourrais revoir un jour un vrai meneur de jeu dans une draft.

Les grosses cylindrées de la ligue elles-mêmes ne s’intéressent plus aux meneurs qui créent du jeu, préférant souvent en laisser la charge à leur franchise player (Kobe, LeBron).
Ainsi, les dernières franchises titrées l’ont souvent été sans apport important du meneur.
Fisher, Rondo, Jason Williams et Gary Payton n’étaient que des seconds couteaux dans la lutte pour le titre. Parker rentre largement plus de shoots qu’il n’en offre à ses partenaires. D’ailleurs, son rôle au sein des Spurs de l’an dernier était bien plus proche de celui d’un Allen Iverson que d’un Steve Nash.

De la même façon, si l’on s’intéresse aux meneurs de jeu des favoris de cette saison, on peut voir le shooteur Mo Williams aux Cavs, qui ne sera jamais un organisateur, et dont la sélection de shoots en playoffs et en ce début de saison est plus que douteuse, ce qui en ferait presque un boulet pour les Cavs. La non-implication du Shaq dans les systèmes des Cavs relève presque autant du niveau affiché par l’élégant meneur all-star que du très limité Mike Brown.

A Orlando, le meneur attitré est Jameer Nelson. Depuis le départ de Turkoglu, il n’y a plus de playmaker au Magic. Nelson est un excellent shooteur à 3 points, comme beaucoup de joueurs d’Orlando, mais on peut lui imputer le faible nombre de tirs pris par Dwight Howard. Le pivot floridien pourrait aisément tourner à 30 points de moyenne si Nelson parvenait à le trouver davantage.

Fisher, c’est 3 passes de moyenne en carrière. Son sang froid, son shoot à 3 points et le manque d’un meneur de qualité à Los Angeles lui permet de rester aux manettes des Lakers, même si Kobe Bryant est le dépositaire du jeu. Il est pour moi l’exemple type de la faible implication du meneur dans une grande équipe.

Rondo à Boston, c’est un peu différent. Discret par le passé, le meneur des C’s a fait des playoffs tonitruants l’an dernier, tournant presque en triple-double de moyenne, mais prenant souvent de mauvaises décisions dans les moments-clés. Rondo est un vrai meneur pass first- shoot second. Mais à mon avis c’est davantage du à son piètre shoot qu’à une volonté de faire jouer. Et puis avec des shooteurs aussi efficaces que Pierce ou Allen, c’est plus simple de faire des stats. Cela dit, les 55 millions sur 5 ans que lui à offert Danny Ainge sont loin d’êtres immérités.

Vous l’aurez compris, les franchises qui réussissent ne se basent plus sur un meneur dépositaire du jeu. Alors les jeunes meneurs s’inspirent d’Allen Iverson, dernier meneur avant Derrick Rose à être drafté en première position. Mais Iverson sera surtout utilisé en 2 durant sa carrière, car trop porté sur le scoring.
La majorité des meneurs que nous ont proposé ces dernières drafts sont donc soit des scoreurs (Rose, Bayless, Evans), soit des combo guards (Mayo, Westbrook, Curry). Très peu de pass-first point guards de qualité (Sessions).

C’est pour ça que l’arrivée de Jennings me fait plaisir. C’est tout d’abord un joueur qui va d’abord chercher à donner le ballon avant de tenter de le rentrer dans le cercle, en somme, un vrai meneur. C’est aussi un joueur ultra rapide, comme Iverson, le côté perso en moins. Et il est bourré de talent.

On a pu voir pendant les dernières Summer Leagues que Brandon Jennings était un playmaker de qualité et un joueur altruiste. Meilleur passeur du tournoi, et de loin, et une griffe imposée sur le jeu de son équipe. Jennings porte beaucoup le ballon, mais sait le lâcher quand il le faut, et a une sélection de shoots assez judicieuse, malgré une réussite assez faible –ce qui n’est pas le cas en ce début de saison.
Etant personnellement un grand fan de Steve Nash, et de tous les meneurs qui pensent d’abord à une passe, inutile de dire que je suis ravi de voir un nouveau meneur de cette mentalité avec une telle vision du jeu fouler les parquets de la NBA. Steve Nash est un super shooteur, mais qui n’abuse pas de son tir chirurgical car il a une telle vision du jeu que dans la plupart des cas donner la balle à un coéquipier assure un tir encore plus sur que le sien. Jennings est tout à fait ce type de joueur, même si son tir reste un problème qu’il aura tout le temps de régler.

Hollywood n’aura sans doute jamais le tir de Nash, mais il sera sans doute un meilleur défenseur –difficile de faire pire, en effet- grâce à sa vitesse et son talent en un-contre-un. Quasiment 4 interceptions par match de summer league, ça en dit long sur la rapidité du bonhomme. Il a même reçu un vote dans le sondage des GMs pour savoir qui était le joueur le plus rapide de la ligue balle en main. Je rappelle que Brandon Jennings n’avait encore jamais joué en NBA.
Sa vitesse additionnée à son dribble qui s’est encore amélioré, notamment sur son départ de drive, en font un slasher redoutable. Reconnu depuis toujours comme une terreur en un-contre-un, Jennings va être un poison pour les défenses de NBA.

On a souvent comparé Jennings et Rubio. Le meneur espagnol est lui aussi bourré de talent, incontrôlable balle en main, altruiste, et coïncidence assez amusante, le shoot est également son gros point faible.
On tente souvent alors de dire lequel des deux est le meilleur. Je ne m’y risquerai pas, car je suis simplement content de voir deux joueurs aussi talentueux émerger au milieu de meneurs plus persos. L’arrivée de ces deux prodiges aussi généreux que doués et rapides est une bonne nouvelle pour tous les fans comme moi des meneurs élégants qui savent impliquer leurs coéquipiers.

S’il faudra attendre avant de voir Rubio, Jennings s’est lui déjà imposé, en quelques matches comme le leader offensif d’un équipe amputée de Michael Redd, aka l’homme de verre. Point négatif au tableau, le meneur Buck doit en conséquence prendre plus de responsabilités au scoring et délaisse parfois l’implication de ses coéquipiers.

Toujours est-il qu’avec 22 points, 5 passes, 4 rebonds, 2 interceptions à 48% au tir dont 50% à 3 points, Jennings fait une entrée fracassante dans la ligue. Depuis 1974, aucun rookie n’avait été le leader de son équipe en points, rebonds et passes après 3 matches.
Drafté en 10ème position, et alors que certains le voyaient encore plus bas, le meneur de Milwaukee doit foutre la rage à quelques GMs.

Jennings marque le retour d’un meneur de jeu génial en NBA, alors qu’on a eu tendance à oublier ce qu’était un meneur, à minimiser les titres de MVP de Nash, à se faire à l’idée qu’un meneur n’est peut-être qu’un deuxiéme arrière. On avait failli oublier les racines de ce poste.

Welcome Brandon. Pass first, shoot second. Back to roots.

6 commentaires:

  1. félicitations pour cet article de qualité

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  2. article de qualité c vrai mais bizarrement je ne vois pas parler de chris paul dans ton article toi qui dit qu'il ny a plus de meneurs passeur tu te trompe effectivement brandon jennings est un diamant pure mais ne discrédite pas tout le monde en affirmant que c'est le seul meilleur passeur c'est faux !
    N'oublis pas CP3 le meilleur meneur de la ligue mais aussi le meilleur playmaker !
    peace

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  3. Déja, merci à tous les deux d'être passés.
    Pour te répondre, Paul est pour le moment un bien meilleur maître à jouer que Jennings, je te rejoins totalement.
    Mais pour moi, Jennings c'est le retour du meneur passeur, car depuis les drafts de Paul et Williams il y a quatre ans, il n'y a eu aucun nouveau meneur de ce style.
    Après, Jennings est obligé de prendre de grosses responsabilités au scoring à cause de la blessure de Redd, ce qui est réducteur étant donné ses capacités de playmaker. On le compare beaucoup à Iverson, mais il est beaucoup plus collectif que l'ancien MVP. Et sans doute aussi rapide que The Answer période Philly.
    Cela dit, quand il joue le pick'n'roll avec Bogut, je retrouve beaucoup de cet aspect collectif de son jeu. J'ai hâte au retour de Redd pour le voir donner sa pleine mesure. Le backcourt Jennings-Ridnour, c'est déja pas mal du tout niveau offensif,
    J'ai été également surpris par la qualité de son shoot. Les Warriors aussi, à leurs dépens.
    Affaire à suivre, avec Evans et Griffin, le Rookie of the Year va être serré cette année!

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  4. deron williams est exceptionnel à la passe je trouve

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  5. Excellent article, de qualité. Merci!

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  6. Article très convainquant

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