vendredi 2 juillet 2010

FREE AGENT PROFILE : AMAR'E STOUDEMIRE




Annoncé parti à chaque fois que le marché des transferts est ouvert, Amar’e Stoudemire a pourtant honoré chaque année de son contrat avec Phoenix jusqu’à sa clause libératoire, qui arrive cet été. Le départ de Steve Kerr et l’appétit gargantuesque de l’ailier-fort en matière de billets verts ont sonné le glas d’une union qui aura tout de même duré huit ans. Huit ans au cours desquels le Stoude s’est affirmé comme un all-star régulier, et même NBA 1st-teamer en 2007. Sans aucun doute un des tous meilleurs 4 de la ligue, mérite-t-il le contrat max sur 6 ans que les Suns refusent de lui offrir ?

Amar’e est un joueur atypique à son poste. Il donne l’impression d’un joueur plutôt fin en comparaison avec Tim Duncan ou Carlos Boozer, à qui il ne rend pourtant que peu de kilos. En fait, Stoudemire est très athlétique pour son poste, ce qui lui permet de rivaliser avec ses homologues malgré ce déficit de viande. On l’a même souvent vu jouer en 5 à Phoenix, un poste qu’il peut occuper dans un jeu rapide, sa mobilité lui permettant de gêner et juguler beaucoup de pivots même s’il ne pourrait vraisemblablement être une solution viable à ce poste. C’est bien simple, Amar’e est un roc. Pas un pét’ de graisse, que du muscle.

Et plus de 110 kilos de muscles, c’est dur à arrêter. Car contrairement aux autres intérieurs, Stoudemire n’a pas de kilos en trop ce qui le rend beaucoup plus rapide et plus explosif que ses vis-à-vis. Ajoutez à cela un premier pas rapide et vous avez un 4 capable de driver en partant de loin, ce qui élimine les défenseurs trop lourds ou trop lents pour endiguer les accélérations du Sun. Le manque de volume du Stoude est compensé par cette habilité à éliminer son adversaire direct sur une isolation, sans avoir à recourir à du jeu en post-up. Dans le basket moderne, très peu d’intérieurs disposent d’une telle mobilité.

Mais cette mobilité ne saurait être une arme efficace sans être juxtaposée à un bagage technique solide. Si l’on regarde Hakim Warrick, avec qui il partage ce profil de 4 grand-athlétique-rapide, qui n’est pas pour autant capable d’être une menace offensive régulière, on se doute que réduire Stoudemire à ses capacités athlétiques serait une erreur. En effet, il possède depuis quelques années un jump-shot assez fiable, qui rajoute une pression supplémentaire sur le défenseur. Si celui-ci est moins mobile, il aura tendance à se reculer pour contrer un éventuel drive, position que le Stoude peut alors sanctionner avec un face-up jump-shot que ses 2m08 se chargeront de mettre hors de portée d’un contre.

Ce shoot devient encore plus intéressant quand on sait à quel point Amar’e maîtrise le pick’n’roll. Il peut enquiller des shoots ouverts dès qu’il récupère la balle après avoir fait écran, ou créer une situation de mismatch pour les deux défenseurs impliqués si le cuir ne lui parvient pas entre les mains. Capable de s’adapter à n’importe quelle situation défensive quand il s’agit d’exécuter ce schéma, Stoudemire est un joueur qui peut scorer ou créer à partir de situations simples, et peut donc le faire quel que soit le coach qui le dirige.

Pourtant, le point le plus intéressant concernant Amar’e Stoudemire est encore à venir. Ce qui fait la force du joueur des Suns, c’est sa bestialité. Quand il se trouve à 3 mètres du cercle, il se transforme en animal et devient incontrôlable pour la défense. Ses moves vers le cercle n’ont rien d’académiques tout simplement parce que dans ce moment son seul objectif est de s’approcher de l’anneau et de mettre la balle dedans. Il attaque son double pas en prenant par sa vitesse un petit avantage sur le défenseur, puis résiste aux impacts grâce à son impressionnante compacité. Contacts au cours desquels il élargit parfois son chemin. Le voilà sous le cercle, et son jump fait le reste. Finaliste du concours de dunks en 2005, il peut battre n’importe quel big man qui défend sur lui sur sa simple détente, et ainsi finir avec un bon tomar à une main.

S’il ne parvient pas à claquer la balle dans le cercle, il va soit s’en sortir avec des gesticulations aussi improvisées qu’inélégantes qui lui permettront toutefois de marquer quand même. Dans le cas contraire, il obtiendra quasiment toujours la faute, d’où ses 7,7 lancers tentés par match, 3e chez les intérieurs derrière Howard et Bosh. Lancers qu’il n’a aucun mal à convertir, lui le détenteur du record sur un match chez les Suns, avec un 20/20 contre Houston en 2008. 2e au classement des dunks et des and-ones, Stoudemire est un finisseur ultime près du cercle, ce qui compense sa relative faiblesse en post-up, car même s’il dispose de quelques moves, son manque de poids se fait souvent sentir quand il joue dos au panier.

Cette capacité à provoquer des fautes et à se créer son shoot en drive, isolation, poste bas, mi-distance, au périmètre ou sur pick’n’roll fait de Stoudemire un des tous meilleurs scoreurs purs tous postes confondus et le meilleur chez les powers. De plus, contrairement à la majorité des scoreurs, Amar’e sélectionne bien ses shoots ce qui lui permet d’être dans les 20 meilleurs joueurs de tous les temps en ce qui concerne le pourcentage de réussite en carrière. Si sa moyenne de points est plus basse que celle d’un Chris Bosh, c’est simplement parce qu’il est mieux entouré et doit partager la balle alors qu’aux Raptors Bargnani est le seul autre joueur capable de marque plus de 10 points pendant 5 matches d’affilée.

C’est là qu’arrive la première interrogation. Le Stoude n’a jamais été un go-to-guy puisque sous la houlette de Nash et inclus dans le plus gros collectif de la ligue depuis des années. On a bien pu voir qu’il n’est pas un joueur de 4e quart-temps, et qu’il est incapable d’élever son niveau de jeu en playoffs avec régularité. Si une franchise se décide à bâtir une équipe autour de Stoudemire elle prendra un gros risque en donnant les clés à un joueur qui n’a jamais été un patron, et encore moins un leader. Le talent d’Amar’e semble lui suffire et il n’a jamais cherché à aller plus loin.

Aller plus loin, ou moins loin. Par exemple sous son propre panneau. Le Stoude est la parfaite illustration du fait que les stats ne font pas le défenseur. Car s’il affiche 8,9 rebonds et 1,4 contres en carrière, STAT est loin d’être un foudre de guerre passé la phase offensive. Ses bons chiffres aux rebonds sont simplement dus au fait qu’il joue intérieur dans une équipe sans spécialiste défensif –attendons quand même de voir Robin Lopez l’an prochain. Il défend près du cercle, il récupère les ballons qui retombent près du cercle, point. Et si son jump et ses réflexes font de lui un shotblocker correct, il n’en est pas pour autant un bon défenseur sur l’homme, et encore moins une tour de contrôle de la défense.

Pourtant, un Stoudemire motivé peut être un excellent rebondeur, comme en témoignent ses records en carrière de 17 rebonds défensifs et 23 rebonds totaux. Sa nonchalance de ce côté du terrain ne date pas d’hier mais n’est pas pour autant compréhensible. Il n’existe quasiment plus que des pivots défensifs, et on voit parallèlement de plus en plus de 4 offensifs. C’est vrai que quand on se penche sur les noms des gros intérieurs free agents (Bosh, Boozer, Lee), aucun d’entre eux n’est un défenseur ne serait-ce que potable. Mais ils sont tous d’excellents rebondeurs, ce qui n’est pas le cas du Stoude. Une pierre dans son jardin qui a suffi aux Suns pour ne pas lui proposer un contrat maximum. Ce qui ne serait pas forcément une erreur si ceux-ci récupèrent un des trois noms évoqués plus haut.

Car si Stoudemire est un intérieur à part, le plus incontrôlable en attaque à défaut d’être le plus doué, ses errements défensifs et son manque d’activité au rebond sont une barrière logique à un contrat de franchise player. Un franchise player qu’il n’a jamais été et qu’il ne sera sans doute jamais. Pourtant, le Stoude est un scoreur pur, avec un talent inné et des capacités physiques démentielles, qui une fois intégré dans un collectif est bien plus fort que les autres powers sur le marché. En fait, pour offrir un tel contrat au all-star de Phoenix et en avoir pour son argent, il faut être en mesure de pouvoir gommer ses défauts. C'est-à-dire avoir un pivot défensif disposé à faire le sale boulot et un go-to-guy capable de mener ses troupes. Vous avez dit Chicago ?

6 commentaires:

  1. T'as bien choisi ton premier free agent, c'est le premier (d'envergure) à avoir pris sa décision. Alors, STAT à New York t'en penses quoi?

    Je ne suis pas extrêmement emballé mais pourquoi pas? Comme tu le dis, le succès de cette signature dépendra de qui les Knicks feront venir pour l'entourer.

    Je me demande aussi ce qu'il en est par rapport à LeBron James. Le fait d'avoir de façon sûre un all-star dans l'équipe pourrait rassurer le King mais est-ce que ce dernier est confiant à l'idée de jouer avec un intérieur pas trop porté sur la défense (il veut gagner un titre, non?). Et puis ça coupe NY de la course à la signature de Chris Bosh avec qui LeBron voudrait vraiment jouer (apparemment). Bref, je ne suis pas sûr que la venue de Stoudemire était la meilleure chose à faire. En même temps, en agissant ainsi il ne se retrouveront pas le bec dans l'eau à la fin des comptes.

    Il y a son contrat qui me fait tiquer un peu aussi. 20 M par an pendant 5 ans, c'est ça?

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  2. Stoude à New York j'aime bien. Le côté flashy de la franchise colle bien avec le joueur, explosif et spectaculaire. Après, j'aurais largement préféré qu'il reste aux Suns mais bon...

    D'un point de vue sportif, si les Knicks chopent Haywood, O'Neal ou un gars dans ce genre là, Stoudemire pourra se concentrer sur l'attaque et vu qu'il aura de toutes façons plus de ticket shoots à Phoenix, il aura des stats niveau MVP s'il parvient à rester dans ses pourcentages de réussite. C'est surtout ça qui m'intrigue, va-t-il garder la même adresse s'il est obligé de prendre plus de shoots?

    Après, c'est sur que 100 millions pour 5 ans c'est super risqué pour un joueur qui ne peut pas faire gagner son équipe tout seul. Sans pour autant signer un autre gros free agent, ce qui a de toutes façons peu de chances d'aboutir, il faudrait que les Knicks lui trouvent une sorte de John Starks. Un mec qui gère son match tranquillement, sans jamais tirer la couverture à lui, mais qui devient le vrai patron dès que le chrono affiche moins de 5 minutes.
    Mais un joueur comme ça, y'en a pas en réserve chez les free agents, à part peut-être Fisher. S'ils veulent que Stoudemire leur soit vraiment utile, il va falloir un trade pour en récupérer un. Dommage pour eux que Ginobili ait resigné avant la free agency, ça aurait été le joueur idéal.

    Au final c'est con, avoir taffé autant pour réduire la masse salariale et ne choper que Stoudemire... Parce que maintenant soit ils chopent LeBron par je ne sais quel miracle, soit ils chopent tous les free agents de seconde zone (sans doute la meilleure solution) soit ils se font encore doubler par tout le monde et là ils auront plus que leurs yeux pour pleurer. Au moins ils paieront pas grand chose en salaires...

    M'enfin fallait s'en rendre compte avant aussi. Genre en février : "Ah bon? Les autres aussi ils ont le droit de faire de la place pour des gros salaires? Mais, mais... Tu penses quand même pas qu'ils font ça pour signer Wade et James? Si? Comme nous? Mais c'est pas juste! C'est nous qu'on avait commencé les premiers!"

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  3. Bien vu.
    On a toujours envie de croire à un retour des Knicks au premier plan mais on ne cesse d'être déçu(sauf si ce miraculeux tu sais quoi se passe, bien sûr).

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  4. Tiens ! Amar’e Stoudemire est allé s’enterrer à NY. Bah, le temps de faire des grosses stats jusqu’à se rendre compte qu’il perd son temps dans la Grosse Pomme… L’ami Stoud’ est quand même couillu, ou très stupide. Premier gros poisson à avoir pris sa décision, il s’est pas dit : ah oui j’oubliais le staff des Knicks c’est vraiment des tanches, fuyons ! Non non, au lieu de ça, quand il a entendu les douces notes de musique de Walsh, symphonie qui se nommait «100 millions sur 5 ans », STAT s’est couché. Il a beau vouloir recruter Melo ou Parker, il va se rendre compte bien vite qu’il est seul. Ah zut mon ami, tes 24 pts 12reb aux Knicks ne te ramèneront que des dollars, et pas de titres. Et si tu quittes le navire, le quitte pas à la Starbury. Ton CV serait alors vraiment dégueu. Autre chose : le staff de NY devait quand même voir venir le coup, je parle du fait que James ne signe pas à la Big Apple, ce qui, oui les amis, était prévisible, alors ils ont quand même signé un gros free agent, l’air de dire « On sait qu’on se la prend bien profond mais bon, on a quand même signé Stoud’ ! Héhé. » Eh ouais fans des Knicks, ce n’est ni en 2011, ni en 2012, ni en 2013, ni même les années suivantes que la bannière de Champs finira au Madison Square Garden. Spike Lee peut bouffer sa casquette des Yankees.

    Bref, sinon on a droit à Bosh à Miami. Compréhensible. Surtout quand tu poireautes tout seul au Canada, que t’es le seul mec de ton équipe à dépasser 20 points, et que t’as l’un des trois meilleurs joueurs NBA –je ne parle pas de Michael Beasley- qui te dit « Hey homie tu veux joueur sous le soleil de Floride, et éventuellement gagner des titres ? ». La réponse est oui, même si Bosh c’est qu’il ne sera pas Franchise Player. Il sait qu’il finira avec des bagues.

    Je ne commenterai pas le choix des Clippers concernant la signature de Vinny Del Negro, coach dont les seules consignes consistent en : « Allez les gars, jouez bien, courage ! ».

    Quoi d’autre ? Ben le sous-estimé Steve Blake va jouer chez les champions en titre. Il a pas intérêt à trop se trouer. Sinon les Celtics resignent le shooteur papy Ray Allen, tant mieux, et son homonyme Tony, excellent chien de garde qui colle parfaitement à l’esprit de la Maison Verte, et blindent leur raquette avec Jermaine O’Neal –qui s’est troué en PO-, intérimaire de Perkins. Et après ? On peut parler de cette petite enflure de Boozer qui s’est fait la malle chez les Taureaux de Chicago, dans l’espoir de les aider. Rêve pas, Booz’. Ce sera la demi-finale de conf’ maxi, sauf si Chicago signe un autre gros poisson. T’es trop court, mon gars. Ok, ta raquette fait peur. Mais bon, trop court. J’admets que les Bulls ont quand même un effectif intéressant. A suivre.

    Sinon ? Bah Kevin Durant a rempilé, ce qui confirme ce que je pensais : Oklahoma City va faire tourner bien des têtes dans les prochaines années. Je dirais même qu’ils vont tout péter. Equipe qui a rejoint la Ligue il y a deux ans, OKC possède un staff pas maladroit, un roster riche et jeune, bref : ils auront droit à des bannières de champions avant Orlando (franchise créée en 1989), j’en suis convaincu.

    Ah et, oui, concernant LeBron à Miami : il va réussir à faire avec Wade et Bosh ce que Michael Jordan a fait tout seul.

    P.S. : j’extrapole un peu dans ma dernière phrase, mais ma pensée se résume ainsi.

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  5. OKC a intérêt à gagner rapidement, parce qu'ils ne pourront pas éternellement garder leur effectif. Avec 3 joueurs du 5 encore dans leur contrat rookie -j'y inclus Aldrich- ils ne pourront pas conserver tout le monde au moment des resignatures.
    D'autant que malgré leur stratégie intelligente d'échanger quelques uns de leurs infinis tours de draft contre des role players, ils limitent peu à peu leur marge pour prolonger Green et bientôt Westbrook...
    Je les aurais bien vu arriver en finale de conf' dès l'an dernier, donc ils auront encore davantage de chances de le faire cette saison. Reste à passer l'obstacle Lakers qui comme tu l'as dit ont fait un très bon coup en signant Steve Blake. Sur qu'avec un plus gros contrat que Fisher il va devoir assurer. Moins sur qu'il s'attendait à être mieux payé que le meneur angelino avant de signer. Mais ça va, y'a pas trop de soucis à se faire pour les Lakers.

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  6. Ah mon dieu, j'arrive tard dans la conversation : vous y croyez vous à un autre big three à NYC (ou autre part) l'an prochain ?

    Perso, j'ai du mal à y croire, notamment avec l'arrivée du prochain CBA : Stern a vu que les trois de Miami s'étaient entendu longtemps à l'avance, ce qui dorénavant accentue encore plus les écarts entre les grosses villes et petits marchés (Toronto et Cleveland prennent cher !!!)...

    Peut-il laisser faire Chris Paul et Carmelo Anthony s'ils veulent aller à NY ? Ne peut-il pas inclure dans la prochaine négo une clause du type "pas plus de 2 gars à plus de 15M$", quitte à augmenter un peu plus le salaire max (aujord'hui 30 ou 35% pour un vétéran de 10 ans, demain à 37 et 40%% ?) ?

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