mercredi 24 mars 2010
HOMMAGE A MONSEIGNEUR XXIII
Le 11 Avril 2003, le Heat de Miami rendait honneur à la carrière de Michael Jordan en suspendant son maillot dans le ciel de l’American Airlines Arena. Son jersey était alors le seul à surplomber le parquet que Dwyane Wade allait fouler l’année suivante. Aujourd’hui, il trône aux côtés de ceux de Tim Hardaway et d’Alonzo Mourning, les deux légendes de la franchise floridienne. Une franchise dont Jordan n’a jamais revêtu l’uniforme. A l’heure où des joueurs affirment qu’ils cesseront de porter le numéro fétiche de son Altesse, il me semble évident que le Heat avait à l’époque pris une décision que toute la NBA ferait bien de suivre, retirer le n°23.
Jordan, ému par un tel débat, a rejeté cette idée, refusant modestement de se placer au-dessus des autres légendes de la ligue. Mettant fin aux interrogations concernant son point de vue sur le sujet, il avait affirmé clairement ne pas vouloir voir son maillot retiré avant celui de joueurs comme Magic Johnson, Larry Bird ou Bill Russell. "Je suis dans la même catégorie que ces gars". Il n’en est pourtant rien. Comme l'a dit Magic, "Il y a Michael Jordan, et après il y a le reste, nous". Que ce soit médiatiquement ou sportivement parlant, Jordan n’appartient qu’à une catégorie de basketteur, la sienne.
Tout d’abord, d’un point de vue médiatique, Jordan jouit d’une image dont aucun basketteur avant ou après lui ne peut se vanter. Même quand on ne s’est jamais intéressé au Basket, on connaît Michael Jordan. Dès qu’on voit un gars faire une action spectaculaire sur un playground, on le chambre en invoquant le nom de sa Majesté, tout simplement parce que dans l’inconscient collectif, le Basket, c’est Jordan et personne d’autre. Chamberlain ? Abdul-Jabbar ? Ces noms sont aujourd’hui bien moins connus que celui de Kobe Bryant. Qui lui-même est bien loin d’être aussi familier que celui du n°23.
De plus, si les O’Neal et autre Iverson sont désormais bien plus ancrés dans les têtes qu’un Oscar Robertson ou qu'un Hakeem Olajuwon, c’est en grande partie dû à la médiatisation du Basket au niveau planétaire grâce à la carrière de Jordan, aussi bien aux Bulls qu’avec la Dream Team, offrant à ce sport et surtout à la NBA une visibilité qu’elle n’avait jamais connu en dehors des frontières de l’Oncle Sam. Mais même si les audiences mondiales de la ligue sont actuellement bien supérieures à celles des premières années post-Jordan, même si les stars d’aujourd’hui vendent bien plus de maillots que son Altesse, quand il entend le mot "Basket", un Terrien associera directement "Michael Jordan".
Tout simplement parce que Jordan n’est pas qu’une simple légende du Basket, mais bel et bien une légende du Sport, au même titre qu’un Muhammad Ali en boxe, ou qu’un Carl Lewis en athlétisme. Et aucun autre basketteur ne peut prétendre à un tel statut, quoique puisse en dire l’intéressé. Mais His Airness ne mérite pas de voir son jersey retiré simplement au vu de son image, car ce qu’il a apporté au Basket dans le jeu dépasse de loin ce qu’il a pu donner pour sa médiatisation. Le président des Bobcats a su dominer tous les aspects du jeu. Absolument tous.
Wilt Chamberlain, détenteur de la bagatelle de 72 records NBA, et pas des moindres, a été le premier joueur dominant de l’histoire. Par sa puissance physique et sa taille, il a écrasé ses adversaires sans jamais flancher, pouvant passer une saison en jouant plus de minutes en moyenne qu’un match en contient, marquer 100 points en une partie ou encore prendre 55 rebonds face à Bill Russell. Seulement, Wilt The Stilt n’a jamais été plus loin que ce monstre des raquettes parce qu’il n’a pas pu dompter le jeu. J’en veux pour preuve son 51% aux lancers en carrière : malgré son physique sans égal dans l’histoire du Basket, Chamberlain n’a jamais su maîtriser techniquement ce sport.
Quand il donne des exemples de joueurs au moins aussi bons que lui, Jordan mentionne Earvin Johnson. En effet, Magic avait une vision du jeu fantastique, tout autant que son jeu de passes, et restera sans doute comme un des plus grands de tous les temps. De plus, son avantage de taille au poste de meneur et son sens du rebond font que contrairement à Chamberlain, le n°32 des Lakers n’était pas un joueur unidimensionnel. Cependant, Magic a toujours trainé le boulet de son shoot longue distance, signe que lui non plus n’a pas outrepassé toutes les subtilités techniques du Basket.
Le fait est que contrairement à toutes les légendes du Basket, Jordan a dominé dans tous les domaines. Physiquement, comme Chamberlain –mais dans une moindre mesure- grâce à sa vitesse et surtout sa détente et son hangtime hors normes que la nature lui a offerts. Dans la vision du jeu comme Magic, personne n’ayant autant que His Airness la capacité de rendre les autres meilleurs. Dans la polyvalence, comme Robertson, Jordan sachant aussi bien scorer qu’aller au rebond ou passer, en plus de défendre comme personne. Dans la maîtrise technique, pas de souci, le Bull associant en plus l’explosivité dont n’a pas pu bénéficier Larry Bird. Et niveau palmarès, les 11 bagues de Russell ? Michael n'en a "que" 6, mais conquises avec une équipe qui a dominé comme aucune autre, à une période où il a dominé individuellement, chose que la légende des C's n'a jamais faite faute de Chamberlain. Et après tout, le record de victoire en majeurs n’appartient pas à Tiger Woods, mais pourtant c’est bien lui LA figure du Golf.
On a là le portrait du joueur le plus complet qui puisse exister. Ce serait toutefois bien réducteur, car là où Jordan surpasse tous les autres, et c’est cette dimension qui montre à quel point il est le seul à avoir totalement dompté le Basket-ball, c’est sa créativité. His Airness ne s’est jamais cantonné à ce qui existait déjà, a sans cesse amélioré son sport de gestes qu’il inventait, à force de travail ou simplement d’inspiration. Sa spontanéité et son génie lui ont permis de créer des moves hallucinants en plein match simplement par instinct pendant qu’Abdul-Jabbar et Olajuwon taffaient des heures au gymnase pour en créer un. Sur ce point-ci, Jordan me fait penser à Tony Hawk. Quand le Skate a subi une baisse d’intérêt, il a imaginé la quasi-totalité des figures qui existent aujourd’hui, et les a faites. Ce qui explique le respect qui l’entoure aujourd’hui. Jordan a développé une perfection technique des gestes du Basket, mais aussi des gestes dont il était l’auteur. C’est en ça que le Basket lui doit tout.
James Naismith a inventé le Basket-Ball, Michael Jordan l’a sublimé. Aucun autre ne l’a fait, et aucun autre n’a œuvré autant que lui pour sa reconnaissance. His Airness a incarné tous les aspects du jeu puis en a créé de nouveaux. Il a outrepassé les limites de ce sport, et ce dernier lui doit bien un petit remerciement. La façon de le faire ? Retirer son jersey partout. Seulement, le bonhomme est bien trop humble pour accepter un tel honneur. Que faire alors ? Attendre de pouvoir le faire à titre posthume ?
En fait, Jordan se refuse à cette idée parce qu’il ne veut pas se considérer comme supérieur aux autres joueurs. C’est donc à eux d’œuvrer pour qu’on rende un hommage digne de ce qu’il a apporté au Basket, et de demander le retrait du numéro 23. Si toutes les légendes de la NBA -et non les joueurs actuels- le réclament, le maillot de Jordan sera pendu au plafond de chaque salle des États-Unis. Etant donné que chacun y est allé de sa petite phrase pour décrire l’incroyable talent de l’arrière des Bulls, une telle idée ne devrait poser de problème à personne. Et puis s’il reste des sceptiques qui veulent porter le numéro de Jordan sur leur maillot, le 45 est toujours dispo.
En fait, je n’ai jamais été réellement fan du joueur ; chez les UnstoppaBulls je préfère largement Pippen. Mais je m’incline devant ce que cet homme a apporté à mon sport, et considère qu’il faut lui rendre la pareille en retour. Pour la manière, Jerry West fait un logo irremplaçable, et vu que la plupart des trophées portent déjà le nom d’un joueur (on ne va quand même pas nommer "Trophée Michael Jordan" le MVP du all-star game, gardons ça pour le Shaq à la limite) le meilleur hommage que l’on puisse rendre à la légende du Sport qu’est Michael Jordan, c’est faire ce qu’a fait le Heat de Miami il y aura bientôt 7 ans. Parmi les étoiles de chaque équipe brillera alors un maillot rouge, floqué du numéro 23.
mardi 16 mars 2010
L'EVIDENCE PAU GASOL
Malgré leur toujours première place à l’Ouest, bon nombre d’inquiétudes pèsent sur les Lakers. Série de défaites à l’extérieur, jeu laborieux, domination inexistante face aux équipes plus faibles, apport du banc fantomatique… Rien n’est là pour suggérer une embellie à l’approche des playoffs, et seul Kobe Bryant semble pouvoir porter les Lakers vers un nouveau titre. Bien faible en comparaison des collectifs en présence chez les autres prétendants.
Phil Jackson ne semble pas décidé à changer sa formule qui a amené ses troupes vers un bilan de 49-18. Pourtant, à chaque fois que je vois jouer les Lakers, je m’insurge de voir à quel point Pau Gasol est sous-utilisé. L’Espagnol tente en moyenne 12,6 tirs par match, dont plusieurs proviennent de ses 3,7 rebonds offensifs. Sa technique dos au panier ne trouve plus écho dans les systèmes de Jackson qui préfère utiliser son shoot à 2-3 mètres, bien moins développé que ses moves en post-up, ce qui ressort dans la baisse de 5 points de son pourcentage aux shoots.
La rotation de Jackson à l’intérieur est simple : il débute avec Bynum et Gasol et change l’un ou l’autre pour faire jouer Lamar Odom. Gasol joue 5 minutes de plus que ses deux compères, mais ne tente pas énormément plus de tirs qu’eux. Connaissant les qualités du garçon, c’est tout de même déconcertant, et on se rappelle avec amertume de son niveau offensif affiché à Memphis avant son transfert, ou l’an dernier à Los Angeles, ce qui lui avait valu un titre de meilleur joueur d'un mois de février où son implication totale dans le jeu des Lakers avait fait merveille, du scoring à la passe. Le point commun entre ces deux situations ? Gasol jouait pivot.
C’est pour ça que j’encouragerais Phil Jackson à revoir l’organisation de sa raquette. Pau Gasol n’est jamais aussi bon que quand il joue en poste 5, où sa vivacité et son arsenal technique lui permettent aussi bien d’enrhumer son matchup que de déposer des passes dans les intervalles qu’il crée. Rien n’interdit au master Zen de le faire aux côtés de Lamar Odom pour offrir davantage de temps de jeu en tant que pivot à son intérieur espagnol. D’ailleurs, la combinaison Gasol-Bynum est la moins rentable du 5 majeur de Los Angeles.
Faire débuter une paire Odom-Gasol serait bénéfique aux deux hommes. Pour Gasol, il bénéficierait d’un point forward qui pourrait lui amener le ballon à l’intérieur, et prendre les shoots que lui dispute Bynum, qui lui est un vrai pivot scoreur, incapable de lâcher la balle dès lors qu’il l’a dans les mains. Pour Odom, il pourrait prendre ses marques dès le début des rencontres, afin de se sentir plus à l’aise avec son shoot qui lui pose quelques problèmes de réglage en sortie de banc. Pour résumer, Gasol pourrait s’exprimer pleinement et Odom jouer plus efficacement.
Cette solution implique logiquement de faire débuter Andrew Bynum sur le banc. Le pivot issu de St Joseph est porté avant tout sur le scoring, contrairement à Odom, et un tel profil serait un soulagement pour le banc des Lakers dont le rendement offensif est aussi inconstant que le volume de la voix de Stan Van Gundy. Bynum a une rapidité d’exécution assez impressionnante, et sa grande taille lui permet de rentrer bon nombre de paniers au nez et à la barbe de pivots un peu lents à la détente. Si on lui donne la balle poste bas, il peut shooter immédiatement, et ce profil de scoreur rapide correspond davantage à un 6ème homme qu’à un starter.
La solution d’une raquette de départ Gasol-Odom a toutefois un défaut. Bynum est plus lourd que Gasol, et donc plus à-même de défendre sur le pivot starter au niveau physique. Faire débuter une raquette aussi légère c’est prendre le risque de voir l’un des deux intérieurs sortir rapidement pour cause de fautes car dépassé par la puissance adverse. Même si Odom et Gasol sont grands, et même s’ils sont tout deux d’excellents rebondeurs, aucun des deux n’est aussi performant que Bynum pour défendre un pivot en un-contre-un.
Cela dit, Gasol reste un défenseur correct, et un shotblocker consistant. Jouer pivot face à Dwight Howard en finale ne l’a pas gêné au point de nier l’évidente supériorité des Lakers sur le Magic. Et les bénéfices offensifs découlant de la présence de l’Espagnol au poste 5 dès l’entre-deux sont bien supérieurs aux doutes quand aux risques défensifs encourus. Gasol est plus efficace en pivot, Odom en starter, et je pense que Bynum le serait en sortie de banc. Cette alternative me semble donc être la meilleure pour bouger un peu des Lakers en berne.
J’ai toujours considéré le all-star espagnol comme un pivot. C’est à ce poste qu’il est devenu une star en Europe et en NBA, puis un champion avec l’Espagne et les Lakers. Et c’est à ce poste qu’il doit débuter les matches. Pau Gasol doit prendre le rôle qui était celui de Shaquille O’Neal aux Lakers, mais dans un registre plus technique qui peut lui permettre d’être encore plus efficace que le futur Hall of Famer, étant donné la qualité de son jeu de passe et de ses moves en post-up. A Phil Jackson de voir que son joueur est plus efficace en jouant dos au panier qu’en s’en excentrant, et de lui donner plus d’importance en conséquence. Du moins, c’est le conseil que j’ai à lui donner pour redonner à son équipe un peu de son allant de début de saison.
lundi 8 mars 2010
STAIRWAY TO MVP : FEVRIER
UN PEU DE STATS : REBOUNDS vs ASSISTS
4e édition de cette rubrique, et toujours aussi peu d’intérieurs. Oh, je n’ai rien de particulier contre nos amis les big men, mais je ne pense pas que prendre des rebonds contribue autant à faire mieux jouer son équipe que distiller des passes décisives.
Loin de moi l’idée d’affirmer que l’abattage monstre d’un Dwight Howard ou d’un autre géant ne contribue pas au succès de son équipe, bien au contraire. 13 des 18 équipes qui prennent en moyenne plus de rebonds que leurs adversaires ont un bilan positif, et étant donné qu’un rebond pris équivaut à une possession à suivre, plus on prend de rebonds, plus on a de possibilités de marquer.
Mais si on suit la même logique pour les passes décisives, on voit que 13 des 14 équipes qui distribuent en moyenne plus d’assists que leurs adversaires ont un bilan positif. Ce qui démontre que le fait de prendre des rebonds est moins important dans la chance de remporter le match que celui de délivrer des caviars. Si un rebond équivaut à une possession, une passe décisive équivaut elle à un panier. Ce qui signifie entre 2 et 4 points. Une passe décisive vaut donc au moins 2 points dans une ligne de statistiques, alors qu’un rebond équivaut simplement à un rebond.
Mais nous parlons là de chiffres rapportés au niveau d’une équipe, et ce qui nous intéresse, c’est bien nos candidats au MVP. Dwight Howard et Chris Bosh prennent tous deux en moyenne plus de 10 rebonds par match. Ce qui est le cas de 13 autres joueurs en NBA. Steve Nash et Deron Williams distribuent tous deux plus de 10 passes par match, et ils sont les seuls à le faire avec Chris Paul. J’avoue être davantage impressionné par une telle performance.
Une performance dans la durée, mais aussi sur un simple match. Il peut arriver qu’un joueur, sur un malentendu, prenne un nombre important de rebonds, par exemple en récupérant des tirs complètement ratés. Par contre, il est rare de délivrer une passe décisive par hasard. Steve Nash a déjà capté sur un match 13 rebonds, soit la moyenne de Dwight Howard cette année, mais D12 n’a jamais réussi à enregistrer plus de 7 assists au cours d’une seule partie.
Une passe décisive est donc plus importante dans la réussite de son équipe, et également plus compliquée à réaliser qu’une prise de rebond –ce n’est pas forcément vrai dans toutes les circonstances. Pour preuve, plus de 80 rebonds sont pris au cours de chaque match, mais 40 passes décisives seulement sont distribuées. Sans compter qu’un rebond pris est comptabilisé directement tandis qu’une passe qui devrait être décisive peut être annulée dans le cas ou le joueur qui la reçoit subit une faute ou plus simplement rate son tir.
C’est pourquoi une assist rentre bien mieux dans la définition d’un MVP qu’un rebond : elle implique directement l’équipe, et rapporte directement des points. On peut perdre en prenant plus de rebonds que son adversaire, mais jamais quand on marque plus de points que lui.
Donc vous l’aurez compris, toujours aussi peu de big men ce mois-ci. Tout simplement parce qu’à l’heure actuelle, on voit difficilement comment les intérieurs de la ligue peuvent être mis dans la même catégorie que leurs aînés MVP, comme O'Neal ou Duncan. Pour un big man, il faut être dominant des deux côtés du terrain, car prendre des rebonds aide grandement son équipe, mais rarement autant que marquer des points. Sinon, Dennis Rodman aurait remporté le Podoloff à bien des reprises.
Et puis après tout, le record de rebonds en un match est de 55, celui de passes décisives de 30, ça veut bien dire quelque chose…
1 - LeBron James, Cleveland Cavaliers (49-15)
30 points – 7,2 rebonds – 8,5 passes – 50,1% aux tirs – 1,7 interceptions
Pas de surprise, LeBron est devant, et il y a de bonnes chances pour qu’il le reste jusqu’au bout de la saison. En termes de points rapportés à son équipe, James c’est 30 points inscrits et 8,5 passes distribuées, soit au moins 47 points directs. Et pour mettre tout le monde d’accord, il y a plus de 7 rebonds en prime. Et dire que ce gars est aussi impressionnant dans le jeu que dans les tableaux de stats…
2 - Kevin Durant, Oklahoma City Thunder (38-24)
29,6 points – 7,6 rebonds – 1,4 interceptions – 88,5% aux lancers
Durant s’est mué en l’adversaire principal de James pour le trophée. Impressionnant de régularité et d’efficacité, comme l’a prouvé sa série de 29 matches à plus de 25 points, il porte le Thunder a une plus qu’honorable 6e place à l’Ouest, devancé par les Suns qui comptent cependant une défaite de plus. Mais ce qui permet à Durant d’être l’outsider le plus crédible, c’est bel et bien sa capacité à sublimer ses troupes à un tel point que l’inexpérience de l’équipe d’Oklahoma City ne semble plus avoir de place dans la discussion d’un long parcours en playoffs.
3 - Kobe Bryant, Los Angeles Lakers (46-18)
27,7 points – 5,3 rebonds – 4,8 passes – 1,7 interceptions
Le MVP 2008 souffre, et ça se voit. Débats et critiques tournent autour des Lakers depuis un bon moment déjà. Doit-il s’effacer au profit d’un Pau Gasol ? En fait-il trop ? Les Lakers sont-ils aussi chiants que le dit Charles Barkley ? Toutes ces questions montrent bien que Kobe et ses Lakers ne sont pas aussi bons qu’en début de saison, et ont probablement bien diminué les chances de Bryant d’obtenir son second MVP. Toutefois, il est dur de minimiser la super saison que réalise KB24, malgré toutes ces interrogations.
4 - Dirk Nowitzki, Dallas Mavericks (43-21)
25,3 points – 7,7 rebonds – 90,9% aux lancers
Dallas, 11 victoires d’affilée, fait sévèrement trembler les Lakers en cette fin de saison régulière. Malgré l’arrivée de joueurs qui apportent leur écot de points, les moyennes de Dirk n’ont pas baissé. L’Allemand est toujours le patron, et si les Mavs retrouvent un rythme jamais revu depuis 2006, c’est bien sur un peu grâce aux recrues de Cuban, mais surtout parce que Nowitzki est au top depuis le début de la saison. En voilà un big man qui fait gagner son équipe !
5 - Deron Williams, Utah Jazz (40-22)
18,4 points – 10,1 passes
D-Will est dans la place! A la sortie de son premier all-star game au cours duquel il a montré qu’il y méritait son invitation depuis déjà longtemps, le meneur barbu présente des statistiques impressionnantes, tout comme son Jazz qui s’assure l’avantage du terrain pour au moins le premier tour des playoffs. Maître à jouer de l’équipe la plus collective de la ligue, son entente avec Jerry Sloan n’est pas sans rappeler celle qu’entretenaient Nash et D’Antoni à Phoenix. Le meneur canadien avait alors remporté deux fois le Maurice Podoloff.
6 - Carmelo Anthony, Denver Nuggets (42-21)
28,7 points – 6,2 rebonds
Bien moins à l’aise depuis sa blessure, on a rarement vu un Melo au niveau qui était le sien en ouverture. Moins efficace au scoring, mais également plus timide dans le jeu. Ce qui a permis l’éclosion du surprenant Aaron Afflalo. Rendre ses coéquipiers meilleurs même quand on n’est pas au mieux, voilà ce qu’est un MVP. Et en plus, être à son meilleur niveau dans les grands rendez-vous, c’est ça qui fait les grands joueurs. LBJ se souviendra longtemps de ce face-up jumper à 4 secondes de la sirène.
7 - Chris Bosh, Toronto Raptors (32-29)
24,3 points – 11,4 rebonds – 52,3% aux tirs
Et un deuxième big man ! Bosh a été absent des terrains 7 matches ce mois-ci, pour 5 défaites des Raptors privés de leur intérieur star. Présent des deux côtés du terrain quand il est là, l’absence de CB4 a complètement éteint Bargnani, et fortement diminué la circulation de balle des Canadiens. Toronto est quasiment assuré d’une présence en postseason quand Bosh joue au niveau qui est le sien depuis ce début d’année.
8 - Joe Johnson, Atlanta Hawks (40-22)
21,5 points – 4,7 rebonds – 4,7 passes
Après le forfait d’Iverson, c’est Joe qui a débuté au all-star game. Récompense logique pour un joueur qui depuis des années montre une régularité sans faille et a permis à Atlanta d’être considérée non plus comme une candidate aux playoffs mais bien comme une pointure de la ligue. Et ce, depuis cette année. Donnons pour cela du crédit à l’ancien d’Arkansas.
9 - Steve Nash, Phoenix Suns (40-25)
17 points – 11,2 passes – 50,6% aux tirs – 41,5 à 3 points – 94% aux lancers
Si les Suns sont en forme en ce moment, on ne peut pas en dire autant du double MVP, en délicatesse avec son shoot le mois dernier. Du coup, il a distribué plus de passes, reprenant les commandes du classement des assists par match. Rien à dire, le Canadien est la définition même du MVP. Enfin, il le serait s’il défendait de temps en temps.
10 - Dwyane Wade, Miami Heat (32-31)
26,4 points – 4,6 rebonds – 6,7 passes – 1,8 interceptions
Quand on voit l’équipe de bras cassés que se coltine Flash, il en faut du courage et du talent pour lui permettre de se mêler à la joute des playoffs. Beasley est plus qu’irrégulier, Jermaine O’Neal n’est définitivement plus qu’un vieux souvenir, et le reste de l’équipe est encore plus mauvais. Respectons le travail de cet homme, même si le Heat n’a un bilan positif qu’un match sur deux. Battre les champions en titre à soi tout seul n’est pas donné à tout le monde.
lundi 1 mars 2010
UN NOUVEAU DEFI
"I believe that the 55 was a blessing and curse"
Décroché dans la course pour un trophée de Rookie de l’année promis à Tyreke Evans, Brandon Jennings voit ses statistiques descendre en flèche au fil des mois au point de n’afficher en février que 10,7 maigres points à un pathétique 30,7% aux tirs. Les vestes se retournent alors de toutes parts pour enterrer le prodige trop vite adoubé, mais je refuse de suivre ces attaques trop simples vers un joueur qui reste un des piliers d'une équipe des Bucks en pleine bourre.
Il est vrai qu’on a sans doute accordé trop vite à Jennings un statut qu’il n’était pas près à supporter. Mais pour moi qui le sentais bien avant même la draft, le voir à un tel niveau dès son premier mois (22,1 points et 5,6 passes) m’avait étonné au point de le voir comme un candidat légitime pour une place de remplaçant au all-star game. Seule chose qui me dérangeait dans ces chiffres, le fait qu’il n’ait jamais dépassé la barre des 10 assists. Pour un pass-first point guard, réussir à cracker 55 points mais pas 10 passes, c’est quand même un peu cheulou. Pourtant, le record de points de cette saison qu’il avait réalisé contre Golden State n’avait rien d’une performance de soliste, Brandon avait pris les shoots qui s’offraient à lui, et les avait rentrés, point final.
Seulement, depuis cet incroyable mois de novembre, Jennings n’a pas été capable d’atteindre plus de 40% aux tirs sur un mois entier. Une misère. Son shoot qui semait le doute avant la draft le rattrape et Hollywood ne rentre quasiment plus rien. Les défenses qui se resserraient sur lui auparavant s’écartent maintenant, car son tir ne fait plus peur à personne. A la manière d’un Rajon Rondo qu’on peut se permettre de laisser seul à mi-distance ou à 3 points, le fait d’offrir à Jennings de l’espace pour shooter est devenu une forme de défense efficace.
En effet, le jeune Buck n’a pas changé son jeu. Si un shoot ouvert se présente, il va le prendre, ce qui n’est pas un mauvais choix en soi - du moins quand on le rentre. La vision du jeu de Jennings est toujours aussi exceptionnelle, pas de doute là-dessus, mais ses carences techniques l’empêchent à présent de la mettre en exergue. C’est de là que vient le problème majeur qui coûte au rookie son formidable début de saison dans l’esprit de bon nombre d’observateurs, il n’a pas su adapter son jeu à la baisse de constance de son shoot. A-t-il pour autant été surcoté ? Bien sur que non.
Car Jennings, malgré sa maldresse récurrente, reste une valeur sure au poste de meneur, et un joueur aussi alerte aux déplacements des joueurs que rapide balle en main. Scott Skiles doit faire prendre conscience à son joueur que c’est à présent en attaquant le cercle qu’il doit aller chercher ses points, chose qu’il aurait du avoir compris depuis déjà bien longtemps. Hollywood n’est jamais aussi efficace que quand il drive. Se servir uniquement de son shoot mi et longue distance est une erreur compte tenu de ses qualités en pénétration et de ses lacunes techniques. Un shooteur comme Ray Allen doit continuer à prendre des tirs même s’ils ne rentrent pas, et ce jusqu’à ce qu’ils finissent par faire crisser le filet à nouveau, mais un meneur doit savoir s’adapter à la faillite de son shoot ou d’un autre secteur de son jeu.
Jennings commence peu à peu à le comprendre. Il a tenté 166 shoots sur ses 14 matches de février, contre 269 en novembre pour le même nombre de parties, et 225 en 15 sorties pour le mois de janvier. Et dans le jeu, on peut voir qu’il tente davantage de créer pour les autres, même si cela ne ressort pas forcément dans ses lignes de stats. Jennings s’efface plus en attaque, mais utilise le ballon plus judicieusement en trouvant souvent des coéquipiers démarqués. L’arrivée d’un Salmons en forme et la montée en puissance de Stackhouse lui enlèvent des responsabilités au scoring, ce qu’aurait du lui permettre le retour de Michael Redd.
Le meneur des Bucks se fait à ce nouveau rôle qui est devenu le sien. En shootant moins, en passant plus, en jouant moins aussi. On sent tout de même que le garçon peut faire beaucoup mieux. Parce qu’il n’a enregistré que deux double-doubles points/passes en 59 matches. Parce que sa vision du jeu ne ressort pas assez dans ce qu'il montre sur le parquet. Parce qu’il n’est jamais aussi bon que quand il monte au cercle. Parce qu’il a montré qu’il savait shooter. Parce que l’axe meneur-pivot qu’il forme avec Bogut fait saliver. Tout simplement parce que son potentiel saute aux yeux et qu’il est évident qu’il n’est ni un joueur qui doit marquer plus de 20 points chaque soir, ni rater les deux tiers de ses shoots. Jennings est là pour créer, pour lui et pour les autres.
Alors non, on n’a pas surcoté Jennings. Sa capacité à scorer a été trop tôt en surrégime, beaucoup en ont alors fait une sorte de nouveau Iverson, et il a du s’adapter tout comme les Bucks à cette image erronée qu’on a pu avoir de son jeu. Un nouveau défi se présente maintenant qu’on ne croit plus en lui : utiliser ses qualités techniques au lieu de tenter de masquer ses défauts. Il a un mauvais shoot. Il est injouable en un-contre-un, il a un très bon jeu de passe. L’évidence est qu’il doit garder davantage le ballon pour créer des décalages au lieu de le laisser aux scoreurs et chercher un shoot ouvert. Un meneur doit savoir évoluer dans son rôle, et après tout, Jennings n’était-il pas avant la draft un joueur dont on attendait qu’il mûrisse au fil de ses années NBA ?
Tyreke Evans sera Rookie of the Year. Il est très bon, et c’est un finisseur incroyable. Pourtant, j’ose croire que Jennings sera bien meilleur que lui dans quelques années. Le meneur des Bucks est un prospect, que Scott Skiles va devoir orienter vers le rôle qui conviendra le plus à ses qualités, pendant qu’on l’aidera à combler ses lacunes techniques et Jennings est trop doué pour continuer dans la voie qu’il a suivi jusqu’à présent, shooter dès que l’occasion se présente. Ça a pu fonctionner un temps avant de capoter, mais ce n’est pas parce qu’il ne rentre plus les shoots qu’il rentrait en novembre qu’il ne les rentrera pas plus tard. Seulement, pour le moment il va falloir les laisser de côté. On ne parle pas là de mauvaise sélection de shoots, mais de défaillance du tir. Rien à voir donc avec la vision du jeu du joueur. Alors pas la peine de lui baver dessus, Jennings sera bien un prodige. Mais pas tout de suite. Et puis après tout, marquer autant que Vince Carter et passer autant que Chauncey Billups, c’est plutôt pas mal pour un rookie qu’on dit décevant.
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