mardi 16 février 2010
LA BONNE AFFAIRE DE LAMARCUS ALDRIDGE
A l’approche de la Trade Deadline, les transactions de joueurs sont en train de proliférer à une allure folle. Après le braquage envoyant Caron Butler et Brendan Haywood à Dallas, c’est au tour de Portland de faire les gros titres en enregistrant l’arrivée de Marcus Camby en échange de Steve Blake, Travis Outlaw et de quelques dollars de plus. Choix des plus intelligents dans la mesure où le vétéran Juwan Howard était obligé d’être aligné comme titulaire au poste 5 devant l’avalanche de blessures à laquelle les Trailblazers ont du faire face.
Avalanche de blessures qui aurait du permettre à LaMarcus Aldridge de prendre les commandes de l’équipe en l’absence de Brandon Roy. Mais là où tous ses équipiers ont su élever leurs niveaux de jeu respectifs, le power originaire de Texas a été incapable de faire face aux responsabilités nouvelles qui lui étaient confiées et aucune amélioration dans ses performances n’a pu être notifiée. Décevant quand on sait que Aldridge est le Blazer qui a débuté le plus de matches cette saison, tandis que 8 joueurs ont vu leurs séjours à l’infirmerie leur empêcher de prendre part à au moins 10 parties. Encore plus décevant quand en début de saison on pouvait légitimement espérer voir le power prendre part au all-star game du weekend dernier.
Pendant qu’Aldridge jouait bien, mais bien en dessous que ce que l’on pouvait espérer, ses coéquipiers se sont eux employés à pallier les absences de joueurs plus ou moins importants. Brandon Roy, avant de se blesser à son tour, avait augmenté de plusieurs unités sa moyenne de points sans pour autant changer son style de jeu ni en faire trop. Tout simplement a-t-il haussé son niveau de jeu afin de maintenir son équipe dans le gratin de l’Ouest. Roy s’est comporté comme un leader, parce qu’il en est un, et parce que son équipe en avait besoin.
Mais depuis que sa cuisse a lâché, Portland nécessitait un autre joueur pour se comporter comme ce leader, rôle qui semblait devoir échouer en toute logique à LaMarcus Aldridge, qui allait pouvoir donner la pleine mesure de sa palette offensive. Incapable de se montrer digne de ce costume, l’intérieur a laissé André Miller prendre les rênes de l’équipe. L’ancien de Philly, après un début de saison en demi-teinte, a enchaîné les performances de haut vol pour permettre aux Blazers de tenir le rythme et même d’accélérer dans la course aux playoffs. En point d’orgue, ses 52 points face à Dallas. Pendant ce temps, Aldridge, qui est pourtant un formidable attaquant, n’a pas dépassé la barre des 30 points depuis décembre, avant la blessure de Roy.
Tout l’effectif fait de son mieux pour maintenir l’équipe à flot avant d’enregistrer suffisamment de retours pour espérer faire quelque chose en playoffs. Jerryd Bayless fait fructifier son récent temps de jeu (plus de 24 points de moyenne rapportés sur 48 minutes) dans le style qu’on lui connaît, même si celui-ci semble déplaire à Nate McMillan. Le départ de Steve Blake lui ouvre une nouvelle porte, et connaissant les qualités de scoreur du meneur sophomore, il peut devenir une menace régulière en sortie de banc, au même titre qu’un Rudy Fernandez, dont on attend toujours qu’il soit plus régulier au niveau qui était le sien l’an dernier au point d’être considéré comme intransférable par le staff. Autre joueur déclaré intransférable, Nicolas Batum a profité des absences pour faire parler la poudre en attaque, où son explosivité et surtout sa capacité à attaquer le cercle lui permettent de sortir de la case de défenseur dans laquelle il avait été enfermé. Malgré la discrétion de son jeu sans ballon, ses performances sont un net ton au dessus de celles de l’an dernier. Le rookie Dante Cunningham a lui aussi montré de belles choses dans un rôle d’energizer les quelques parties au cours desquelles il a pu avoir du temps de jeu. En bref, tout le monde a mis le bleu de chauffe, et le départ de Steve Blake laisse un goût amer, lui qui a accepté d’être baladé entre banc et starting lineup, qui a mené la baraque Blazers de toute sa science du basket sans aucun coup de mou, avant d’être lâché dans ce trade pour l’acquisition de Marcus Camby qui l’envoie aux Clippers.
Revenons justement à ce trade. L’ajout de Marcus Camby au sein d’une raquette décimée ne peut être qu’un bien pour Portland, avec Greg Oden sur le flanc pour le reste de la saison et une infirmerie qui ne désemplit pas. Cet échange entre un pivot excellent rebondeur et deux role players est évidemment une bonne affaire pour Portland. Il pourrait se révéler encore plus intéressant pour LaMarcus Aldridge.
En effet, le power des Blazers est un joueur très dur à défendre en un-contre-un. Solide en post-up, costaud en pénétration, il possède en plus de cela un shoot mi-distance très fiable. C’est pourquoi ses qualités ne trouvent pas écho dans les performances qui sont les siennes depuis le début de saison. Tout simplement parce qu’en l’absence d’un pivot qui reste dans la peinture comme Camby, LaMarcus a lui tendance à s’en rapprocher, mais ses appels sous les panneaux sont maladroits, trop profonds, trop près du cercle. Ses coéquipiers commettent alors beaucoup de pertes de balle en tentant de la lui donner dans des positions difficiles ou en confondant ses appels au poste avec des propositions de alley-oop. Quand il reçoit la balle, il est quasiment forcé de la ressortir aussitôt. Aldridge n’a pas un bon jeu sans ballon au poste bas, alors qu’autour de la raquette il peut donner la pleine mesure de ses qualités d’attaquant.
Souvent critiqué pour son manque d’engagement face aux big men adverses, Aldridge a tenté de prendre plus de rebonds et d’aller se frotter à ses homologues le plus souvent possible, ce qui est une erreur compte tenu de son manque de gabarit et de son inexpérience dans ce type d’opposition. Avec l’ajout du désormais ex-Clipper, l’ailier fort va être délesté de ce poids à apporter face à des intérieurs plus physiques que lui en défense comme en attaque. Aldridge va pouvoir évoluer dans une zone où son jeu sans ballon est nettement meilleur, et où il est un vrai métronome au shoot. En défense, l’apport au rebond du Defensive Player 2007 pourra également l’autoriser à souffler un peu.
Aldridge est clairement un futur all-star. Ses qualités de basketteur sont bien trop grandes pour qu’il ne puisse franchir ce stade. Seulement, il doit se bouger le cul. Il a refusé de le faire après la blessure de Brandon Roy, préférant laisser André Miller prendre les responsabilités qui lui incombaient. L’arrivée de Marcus Camby devrait normalement lui permettre de s’exprimer plus facilement par rapport au profil que tissent ses qualités et ses manques. A lui maintenant de prouver qu’il peut être le lieutenant et suppléant de Brandon Roy dans la route vers un hypothétique titre, qu’une équipe de Portland à plein régime est en droit de viser.
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C'est vrai qu'une raquette Aldridge/Camby a une belle gueule (et voilà Portland relancé malgré l'adversité), d'autant plus que les Blazers n'ont rien à perdre puisque son contrat se termine cette année. Mais j'ai été assez surpris qu'ils lâchent Steve Blake.
RépondreSupprimerIl complétait bien l'arrière-shooteur-qui-drive-son-équipe qu'est Brandon Roy et je n'ai pas l'impression que les réglages au sujet de la direction du jeu entre Roy et Andre Miller soient encore réglés.
Portland prend peut-être un risque mais d'un autre côté, les dirigeants donne une preuve de confiance à Miller avec ce trade.
J'espère surtout que le grand bénéficiaire de ce mouvement soit Bayless et que ce que j'avais imaginé quand Portland l'a recruté se réalisera (http://unlimitednba.blogspot.com/2008/07/stillballin-prsente-mercato-via-la_13.html).
Je suis aussi surpris que toi de voir Steve Blake partir. Lui qui était un vrai taulier de cette équipe et un des chouchous de McMillan n'aurait logiquement pas du être tradé.
RépondreSupprimerAu final on pourra dire qu'il aura été un bouche-trou jusqu'au bout...
Je voyais l'arrivée de Bayless à peu près de la même manière que toi : un scoring point guard qui pourrait profiter du formidable playmaker qu'est Brandon Roy pour former un duo complémentaire et ravageur en attaque sans être pour autant dépassé en défense. McMillan a tout de même préféré Blake, moins égoïste et avec une meilleure vision du jeu. Les résultats ne lui ont pas donné tort, mais si ce backcourt aurait mérité d'avoir sa chance.
Blake parti, si Bayless parvient à jouer son jeu, c'est à dire principalement du scoring mais aussi des passes de temps en temps, il passera bien devant Rudy Fernandez dans la rotation, le coach ayant tendance à faire jouer l'Espagnol en 2 cette saison.
Sinon, Roy pourrait apparemment ne plus jouer d'ici la fin de la saison, donc de toutes façons l'électrique combo guard aura l'occasion de se montrer. S'il s'avère en effet que BR7 ne revienne pas, j'ai vraiment peur pour le backcourt des Blazers en défense. Miller se prend quasiment 20 points dans les dents à chaque match et Bayless est bien trop petit pour défendre sur des postes 2, même si son dynamisme peut jouer des tours au niveau des interceptions, dans les mains comme pour couper les lignes de passes. Fernandez n'est pas mauvais, mais un peu trop frêle face à des slashers plus costauds que lui. Danger donc si la saison de Roy est belle et bien terminée.
Toujours la poisse pour les Blazers : un trade qui leur offre une raquette complémentaire, et le lendemain leur franchise player se reblesse... J'aimerais bien voir un jour cette équipe au complet, mais dans l'immédiat, Bayless avec du temps de jeu, ça fait quand même envie...
Au moins, la blessure de Roy met de côté la question de sa coexistence avec Andre Miller (histoire de voir les choses de façon un peu positive).
RépondreSupprimerFinalement, cette année sera plus ou moins une année de développement pour cette équipe (Bayless, Batum). Et puis, une saison comme celle-là a de quoi endurcir cette troupe et créer un vécu collectif bien costaud que leurs adversaires pourraient bien prendre en pleine tête dans quelques années.
Des Blazers bourrés de talent et au mental dur comme de l'acier, si c'est pas effrayant ça? Restera plus qu'à endurcir leur résistence physique pour éviter les avalanches de blessures.
La blessure de Roy est une occasion en or pour Bayless : avec Andre Miller qui sait passer la balle et aucun vrai scoreur dans l'effectif (quand j'ai vu les 52 points de Miller, j'ai quand même un peu halluciné), Jerryd Bayless se voit là offrir une pure opportunité de montrer ses capacités. De plus, son explosivité quelque peu différente de celle de Roy peut permettre à Aldridge d'avoir peut-être un peu plus d'espace sous le cercle : à la manière de Tony P./Timmy D., la rapidité du premier peut aider le second, tandis que le bon shoot du second peut aider la pénétration du premier... Ouhla, c'est compliqué comme schéma !
RépondreSupprimerBref, tout ça pour dire que les Blazers pourraient peut-être prendre le relai des Rockets : sans star, peut-être l'équipe peut-elle devenir encore plus efficace... Pas meilleure, mais plus efficace !