lundi 7 décembre 2009

SHAQ, BIG DADDY SHAQ, QU'EST-CE QU'ON ATTEND?





L’arrivée de Shaquille O’Neal à Cleveland cet été avait provoqué un grand remue-ménage médiatique. Comment aurait-il pu en être autrement ? L’association du MVP et d’un des meilleurs pivots de tous les temps, ça fait saliver, forcément, et le Shaq apparaissait comme la solution à la faiblesse offensive du secteur intérieur des Cavs.

En effet, la finale de conférence face au Magic avait montré au grand jour l’incapacité de Cleveland à scorer poste bas au plus haut niveau. Si Dwight Howard a posé moins de problèmes à Cleveland qu’il ne l’a été souvent dit –les vrais tueurs de cette finale se nommaient Lewis et Turkoglu- il est évident que sa présence défensive a totalement annihilé les intérieurs de l’Ohio. Ces matches et le début de saison poussif de Dwight Howard font réaliser que son titre de Defensive Player of the Year n’était pas si immérité que ça.

Du coup, il paraissait évident que si les Cavs voulaient offrir à LeBron sa première bague, ils devaient remédier à ce problème, D12 étant un obstacle quasi inévitable sur la route du titre. L’arrivée du Shaq, pari à court terme, se justifiait alors pleinement et laissait penser que cette fois-ci pourrait être la bonne pour Cleveland.

Sauf qu’après un mois, le tableau est bien plus noir qu’on ne l’attendait. Passons les rumeurs de clash d’égos avec LeBron James, et concentrons-nous sur le sportif. O’Neal affiche un pénible 10,9 points – 6,6 rebonds, s’est déjà blessé, mais surtout handicape considérablement l’équipe.
Les Cavaliers de Mike Brown étaient habitués à Zydrunas Ilgauskas, pivot capable de s’écarter et de prendre des shoots mi-distance. Le Shaq n’a jamais été capable de jouer loin du panneau, et encore moins de shooter, quelle que soit la distance. Il végète donc sous le cercle, d’ailleurs souvent plus de trois secondes, et attend qu’on daigne lui passer la balle pour un post-up suivi d’un tir compliqué. Son pourcentage aux tirs, bien que correct, n’a jamais été aussi bas, illustration des difficultés du joueurs à provoquer des paniers faciles.

C’est bien simple, avec le Big Diesel sur le parquet, les Cavs jouent statiques, principalement en un-contre-un, et fonctionnent au ticket shoot là ou la présence de Big Z permet un jeu en mouvement et des tirs ouverts évidents.
Son implication dans les systèmes offensifs des Cavs me fait penser à un Rodman ou un Wallace : l’équipe attaque à quatre, et le pivot marque souvent davantage sur un malentendu que dans la continuité du jeu. Sauf que le Shaq n’a pas le rayonnement défensif de ces deux joueurs, et sa présence au rebond n’est même pas supérieure à celle de ses collègues brésilien et lituanien. Seulement 2 pointes à 10 prises, et une moyenne inférieure à celles de Varejao et de James.

Par contre, l’équipe des Cavs que j’ai pu voir jouer sans O’Neal est bien plus conforme aux ambitions d’avant-saison : malgré les carences offensives de Mike Brown, on à sous les yeux un jeu dynamique et rapide, ou James est moins sollicité au scoring qu’il n’a pu l’être, ce qui lui permet de donner sa pleine mesure dans la création. Un Mo Williams retrouvé, qui se débrouille à la mène quand le King est sur le banc et qui plante quand il est sur le terrain, est une arme dont aimeraient disposer bien des coachs. La précision et la longueur de son shoot sont d’autant sublimées que LeBron lui créer des espaces dont il profite à merveille. Je crois peu en Mike Brown, mais je dois avouer que j’ai pu voir à Cleveland un jeu offensif agréable et incisif.

Tout ceci est rendu possible par la présence de 5 joueurs qui jouent ensemble et en même temps. Shaquille O’Neal ne peut être intégré dans un jeu aussi rapide que celui de Cleveland, car il n’est pas assez mobile pour assimiler les déplacements de ses coéquipiers, et empêche à lui seul la création de paniers faciles. Par exemple, JJ Hickson attaque souvent le cercle dès que le pivot adverse s’en est écarté, ce qui n’est pas possible avec un Shaq incapable de s’en éloigner.

L’exemple le plus flagrant du handicap que constitue le Big Daddy est le dernier match en date des Cavaliers, face aux Bucks. Il y a marqué 10 points presque par hasard, n’a pris qu’un rebond, mais le chiffre le plus alarmant est le différentiel de -18 lorsqu’il était sur le parquet, dans une victoire de 15 points. En comparaison, les +31 de Varejao et d’Ilgauskas.
Dans les faits, O’Neal a ralenti l’équipe à chaque fois qu’il est rentré. Il a marqué presque tous ses points en gagnant son un-contre-un en post-up. En défense, même si sa puissance a gêné Bogut, il est apparu comme largué et incapable de se situer. En témoigne son unique rebond et ses 4 fautes.
Avec Varejao (12 rebonds) en 5, c’est toute l’équipe qui a joué plus vite. Avec Ilgauskas (10 tirs tentés) les ailiers ont pu plus facilement attaquer le cercle, et le Lituanien a hérité de beaucoup de shoots faciles, même s’il en raté beaucoup.
C’est le principal défaut du Shaq dans le système Mike Brown. Il n’a aucun shoot facile. Pour preuve, il en tente moins de 9 par match, avec une « pointe » à 13 contre Chicago. Il empêche également ses ailiers d’en avoir. En gros, non seulement il ne sert à rien, mais en plus il pénalise son équipe.

Mais alors, que va-t-il devenir à 37 ans dans une équipe dont il freine les ambitions ? En effet, sa nuisance à un jeu offensif, auquel on peinait à croire du côté de l’Ohio étant donné la faible compétence de Mike Brown en la matière, est plus qu’avérée. Pourtant, son statut lui confère une place de titulaire, et le coach des Cavs ne désespère pas d’arriver un jour à l’intégrer le Big Cactus au collectif qu’il a réussi à trouver.
En fait, même s’il y a peu de chances pour qu’il trouve sa place dans le jeu de Cleveland, son faible temps de jeu va permettre de le conserver dans un certain état physique, et face à des équipes disposant d’un intérieur trop costaud pour Ilgauskas, sa présence au poste bas, même si elle nuira à la circulation de la balle, permettra de varier le jeu en allant scorer dans la peinture. Car si Shaq ne s’intègrera sans doute jamais à un jeu en mouvement comme le proposent les Cavs, il reste une valeur sure en tant que pivot, et le fait de tourner à 52% en faisant uniquement du un-contre-un poste bas est un gage de la qualité offensive toujours intacte du MVP 2000.
Ainsi, quand le jeu de Cleveland ne pourra être mis en place face à une défense trop efficace, LeBron James ne sera pas forcément obligé de planter 50 points et Mo Williams de ne rater aucun shoot. Même seul dans la raquette, O’Neal reste un joueur sur qui il n’est jamais facile de défendre en post-up, que l’on s’appelle Dwight Howard ou Pau Gasol.
Ne serait-il pas alors plus utile en sortie de banc ? Un scoreur qui détruit physiquement le pivot adverse par sa puissance et sa fraîcheur ? Je doute qu’il en soit capable. Le Big Diesel, comme son nom l'indique, a besoin de sentir qu’il domine son vis-à-vis pour donner sa pleine mesure, et cela passe par un temps d’observation et d’intimidation. Au final, seul son talent individuel permet un quelconque espoir de le voir un jour se fondre dans l’équipe.

Mike Brown a mis plusieurs années pour créer un jeu collectif à Cleveland. Le pessimisme est donc de mise quand à l’implication d’O’Neal dans l’animation offensive, malgré ses qualités individuelles toujours intactes. Les 45 points qu’il a planté à Chris Bosh l’an dernier rien qu’en le détruisant physiquement laissent pourtant entrevoir une utilité au monstre qu’est le Shaq.

Reste à prouver qu’elle peut être trouvée, parce que sans lui, les Cavs n’ont perdu qu’une fois, un chiffre digne de leurs ambitions de titre.

2 commentaires:

  1. Titre absolument exceptionnel! Une star est née!

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  2. Ce soir snoop dog, snoop doggy dog, alors qu'est ce qu'on attends?

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